Le Pays, 15/10/2015 Violences au Burundi : Le pasteur Nkurunziza ne se lasse pas de réciter les versets de la mort Jusqu’où ira Nkurunziza ? Telle est la question que l’on pourrait se poser, au regard de la liste des macchabées qui ne cesse de s’allonger au Burundi. Bien malin qui saura répondre à cette question. Car, pas plus tard que le 13 octobre dernier, un journaliste de la télévision nationale et sa famille ont fait les frais de la furie des sicaires de Nkurunziza qui étaient, soi-disant, aux trousses d’assaillants qui auraient kidnappé deux des leurs dont un a été tué, dans un quartier de Bujumbura. Résultat de cette chasse à l’homme : sept personnes tuées selon plusieurs témoignages d’habitants de la capitale burundaise qui ont vu la police faire irruption dans le quartier où habitaient le journaliste et sa famille.
Comme on le voit, l’arithmétique macabre se poursuit au Burundi où le pasteur-président ne se lasse pas de réciter les versets de la mort, s’attaquant à tous ceux de ses compatriotes qui continuent de contester son troisième mandat. Les traquant jusque dans leurs derniers retranchements pour leur ôter, de façon radicale, toute idée de remise en cause de la légitimité de son pouvoir pourtant usurpé. Aujourd’hui, il ne fait pas bon être opposant au Burundi où le pouvoir est en train d’opérer un glissement vers un véritable terrorisme d’Etat, à travers une répression féroce de ceux qui ont le malheur d’avoir une opinion contraire à celle du maître de Bujumbura. Poussant la paranoïa à un tel point qu’il n’hésiterait pas à tirer sur sa propre ombre. Résultat : soit tu es pour Nkurunziza et tu n’es pas inquiété, soit tu es contre le satrape sanguinaire et tu es immédiatement mis sur la liste noire de ses ennemis à abattre. Nkurunziza portera à jamais la responsabilité morale de tous les morts devant l’Eternel Et ce, en ce XXIe siècle, au vu et au su de tout le monde, y compris la communauté internationale qui n’arrive pas à donner une réplique proportionnelle à la forfaiture du boucher de Bujumbura. L’Occident a certes pris des sanctions économiques contre Nkurunziza, mais en attendant qu’elles fassent leur effet, des Burundais continuent de tomber chaque jour comme des mouches, sous les balles assassines des tueurs de Nkurunziza. Et il y a fort à parier qu’il en sera ainsi, aussi longtemps que le pasteur président n’aura pas vidé son contentieux avec son peuple. Quant à l’Union africaine (UA), elle a fait le service minimum et ne semble pas vouloir aller plus loin. Mais pourquoi diantre ce silence face aux tueries de civils aux mains nues? L’on ne saura certainement jamais pourquoi le journaliste Christophe Nkezabahizi et sa famille ont été tués ce 13 octobre 2015 par la police. Sont-ce des victimes collatérales ou étaient-ils des cibles ? En tout cas, les condoléances empressées du porte-parole de la Présidence à la famille de ce serviteur de l’Etat, sont l’expression tragique d’un cynisme désarmant face à la terreur imposée par un pouvoir tyrannique à un peuple en quête de liberté et de démocratie. Quoi qu’il en soit, la communauté internationale doit se donner les moyens d’arrêter Nkurunziza dans sa folie meurtrière. Car il est inadmissible que quelqu’un qui a usurpé le pouvoir puisse continuer à tuer ses compatriotes, simplement parce qu’ils dénoncent sa forfaiture. Autrement, ce serait courir le risque de ne laisser comme seule alternative au problème NKurunziza, que la perpétration d’un coup de force pour libérer le peuple burundais du joug de cet oppresseur, ce Néron des temps modernes qui ne recule devant rien pour se maintenir au pouvoir, aidé en cela par une armée tribale corrompue et loin d’être républicaine. En tout état de cause, Nkurunziza le Pasteur, portera à jamais la responsabilité morale de tous ces morts, devant l’Eternel et devant l’histoire. Car à cause de son entêtement, il a semé la graine de l’arbitraire et récolte aujourd’hui les fruits amers de la violence et de l’horreur dans son pays. Outélé KEITA |