RFI, 15-05-2020 Présidentielle au Burundi : pour Gaston Sindimwo, «il faut briser la peur»
Sept candidats sont en lice pour la présidentielle de mercredi prochain, le 20 mai, au Burundi. La campagne se termine ce dimanche 17 mai. RFI donne la parole à l’ensemble des candidats. Gaston Sindimwo, candidat Uprona, nous présente son programme. RFI : Quel est le principal point qui restera, selon vous, des années Nkurunziza ?
Gaston Sindimwo : C’est un bilan positif par rapport aux autres présidents. Malgré la conjoncture avec laquelle il a travaillé, nous avons quand même bien tenu. Parce que les salariés ont été rémunérés, malgré les sanctions. On a construit des écoles, des hôpitaux… Malgré la crise économique imposée par l’Occident, on a pu survivre. Je salue le bilan du président et le courage du président, parce qu’il n’y a pas beaucoup de présidents africains qui peuvent faire un bilan pareil dans des circonstances pareilles. Ces quinze années ont été marquées par de graves violations des droits de l’homme, des assassinats, des disparitions forcées, de la torture… Comment est-ce que vous réagissez à tout ce qui s’est passé ? Il y a les crimes politiques que nous avons observés et la plupart de ces crimes politiques ont engendré cette mauvaise gestion des questions des droits de l’homme. D’abord, nous allons mettre en place une commission d’enquête qui doit analyser qui a fait quoi. Les assassinats ciblés ou les violations, nous devons les réprimer pour pouvoir bien avancer. Faire une amnistie générale pour commencer sur des bases solides, pour qu’il n’y ait pas d’inquiétudes des uns et des autres. Notre détermination, c’est d’abord de mettre tous les Burundais ensemble. Si je dois être élu comme président de la République, tous les concurrents devront faire partie de l’équipe de concertation dans la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale. Qu’est-ce que vous souhaitez faire changer, si vous êtes élu ? D’abord, si je suis élu, c’est de normaliser les relations diplomatiques avec tout le monde et surtout les pays voisins, pour pouvoir accroître l’économie nationale. Deuxième chose, comme je l’ai promis au peuple burundais, c’est de briser la peur. Et troisième chose : mettre à l’abri le peuple burundais du besoin. Vous disiez à l’instant : « Il faut briser la peur ». Est-ce que c’est un problème du pays, à l’heure actuelle, cette présence de la peur ? Oui, c’est un problème du pays. C’est depuis la mise en place de l’accord d’Arusha et cela a continué jusqu’à présent. Donc nous, avec notre pouvoir, ce que nous allons faire dans six mois, c’est qu’il n’y aura pas beaucoup d’autorités qui auront des gardes comme nous le voyons aujourd’hui. Il faut démilitariser la société burundaise ? Nous devons démilitariser. Parce que, quand vous allez dans un quartier X, Y, Z et quand vous avez des gens comme des dignitaires qui prennent des gardes, c’est plus qu’un camp militaire. Il y a aussi des jeunes des partis politiques qui font la loi dans les collines. Tout cela, avec l’arrivée du pouvoir Uprona, sera banni sur le territoire national. Tout le peuple burundais vaquera à ses occupations sans problèmes. Est-ce que vous diriez que cette élection s’annonce comme libre et transparente ? Vous savez, libre et transparente… Il y a plusieurs inconnues, parce que jusqu’à présent on avançait très bien. Mais avec la mise en place des bureaux de vote, c’est problématique, parce qu’on n’a pas respecté l’article 40 du code électoral. On a vu qu’il y a plusieurs membres du bureau de vote du parti au pouvoir, alors que d’autres partis n’en ont pas. Nous espérons que les gens de la Céni [la Commission électorale] ou de la Céci [à l'échelon communal] feront ces correctifs, parce qu’aujourd’hui, il n’y a pas d’observation internationale. Nous avons décidé d’observer, nous, nos propres élections. Donc il faut que les candidats puissent avoir les membres du bureau de vote pour que les choses soient claires. C’est cela que nous demandons.
|