Sputnik France, 29.10.2020 Meurtre d’un étudiant burundais à Moscou, l’ambassadeur promet que «les tueurs n’auront pas le dernier mot» Jolivet Makoroka, étudiant burundais de l’université d'État de Construction de Moscou, a été retrouvé mort dans les buissons près du campus avec le crâne fracturé, un jour après son décès. La communauté burundaise se lève pour connaître la vérité, l’ambassadeur du Burundi en Russie s’exprime au sujet de la tragédie à Sputnik.
Jolivet Makoroka, un Burundais de 31 ans, a disparu le 22 octobre à Moscou. Il a quitté le campus pour aller faire des courses à l'épicerie la plus proche, a fait quelques achats, mais il n'est jamais revenu. Ses voisins et amis se sont inquiétés, ils ont commencé à le chercher et ont appelé la police. Les agents et les volontaires ont passé au peigne fin les environs, mais ne l'ont pas trouvé. Plus tard, le 25 octobre, le corps de l'étudiant a été retrouvé dans les buissons par un gardien, alors que la veille il n'y avait rien. La police a constaté une blessure à la tête, des fractures multiples de la voûte crânienne et des traces qui prouvaient que le corps avait été traîné jusque là. Recueillement au lieu présumé de l’assassinant L’ambassade du Burundi suit l’affaire de près. L’ambassadeur Édouard Bizimana a confirmé à Sputnik qu’il s’était rendu à la police et à la morgue afin d’avoir plus de détails. Une cérémonie de commémoration a été organisée le mercredi 28 octobre sur le campus pour les amis de Jolivet et la communauté burundaise. «Nous nous sommes recueillis sur le lieu où le corps a été trouvé, c’était un moment intense. Beaucoup de gens ont participé à cette marche, nous nous sommes retrouvés au sein de l’université avec le recteur, les étudiants et la communauté burundaise et plus généralement africaine, ses amis russes et d’autres se sont joints à nous pour faire une marche silencieuse jusqu’à l’endroit où l’assassinat se serait produit.» «Les tueurs n’auront pas le dernier mot» En Russie, près de 250 Burundais font leurs études dans des universités diverses. Après ce qui s’est passé, Édouard Bizimana souligne qu’en ce qui concerne la protection «des étudiants burundais et de la communauté burundaise en Russie, les diplomates inclus, la responsabilité revient exclusivement au gouvernement russe, le gouvernement d’accueil». Le Burundi verse chaque trimestre près de 200.000 dollars à la Russie pour soutenir ses étudiants, qui sont considérés comme «l’avenir du Burundi». L’ambassadeur a pris la parole durant le rassemblement de commémoration pour rassurer ses compatriotes et les étudiants. «Nous sommes convaincus que c’est un acte criminel qui n’était pas commandité par une autorité quelconque. Il n’a pas été tué parce qu’il était Burundais, il était au mauvais endroit au mauvais moment. Ces enfants sont invités ici, ils sont là pour faire leurs études et rien d’autre. Donc malgré ce crime, les tueurs n’auront pas le dernier mot, les relations entre la Russie et le Burundi vont continuer et nous allons travailler ensemble pour éviter que d’autres incidents se produisent.» Le deuxième meurtre d’un Burundais en Russie En 2019, un autre étudiant burundais, Prosper Harerimana, avait été assassiné dans la ville russe de Kolomna. L’ambiance est très pesante mais Édouard Bizimana insiste sur le fait qu’il «faut rester serein malgré la peur, continuer de travailler sérieusement pour rendre honneur à notre pays et à la Russie qui nous accueille». «C’est un moment très difficile pour nous, cet incident vient s’ajouter au meurtre d’un autre étudiant burundais à Kolomna et jusqu’ici, les enquêtes n’ont pas encore abouti. Les autorités universitaires et la police ont assuré qu’elles allaient faire tout leur possible afin que la sécurité sur le territoire du campus soit renforcée et que cet incident ne reste pas impuni. Ils vont tout faire pour que la lumière soit faite, que les assassins soient traduits devant la justice.» Par Ksenia Emelyanova |