@rib News, 30/06/2010 Par Kubwa Félicien, Bruxelles La synergie des médias, même malmenée par la police du pouvoir burundais, notamment à Kinama, a annoncé un taux de participation des électeurs mitigée, de moins ou plus 30% (plus moins que plus !). La CENI (dont le I certes resté planté, voire arrogamment là, n’a plus rien d’Indépendant, mais a vite viré vers Inféodée au pouvoir), par la voie de son porte-parole, décidément lui aussi quémandeur de ce pain qui manque le plus au Burundi, a déclaré qu’elle (la participation) aurait atteint plus de 50 pour cent. L’ADC-Ikibiri, que seuls les yeux aveugles ou myopes (et Dieu seul sait comme il y en a) ne veulent pas reconnaître comme le désormais incontournable acteur de la scène politique burundaise, tout aussi malmenée et traquée que les médias, a félicité un peuple mûr du Burundi qui, en silence, vient de revendiquer ses voix spoliées et contorsionnées par l’imbroglio de fraude massive du hold-up du 24 mai dernier. Et comme un symbole, à dix mille kilomètres de là, puisque hors portée de l’intimidation et autres menaces de mort desquellles la police, la milice et le parti présidentiels sont passés maîtres, le fiasco électoral de Bruxelles est à lui seul un symbole, une preuve. Comme s’il en fallait une ! Tenez.
Après dépouillement à l’issue d’une élection on ne peut plus « transparente, libre et appaisée » dans les locaux diplomatiques au 45 Square Marie-Louise à Bruxelles et dont Monsieur L. Kavakure est maître de céans, sous l'oeil vigilant d’une observatrice de l'Union Européene ainsi que, naturellement, des observateurs burundais, les chiffres ci-après ont été consignés dans les procès-verbaux : sur 472 valablement inscrits ( chiffre validé par la CENI en son temps de gloire pré-électorale), seulement un petit 145 ont voté, soit un tout petit 30% des inscrits. Si l’on ajoute que seulement 129 ont voté en faveur de Nkurunziza, l’on voit bien que la participation correspond effictivement à la seule mouvance présidentielle, voir seulement à son parti puisque les satelites alliés à lui ne comptent que pour du beurre ou quantité négligeable. En effet, 129 représentent 89 pourcent. Les quelque 14 votes négatives et 2 nulles sont négligeables, mais aussi significatives : elles peuvent représenter des gens n’appartenant à aucun parti de l’ADC-Ikibiri, dont les membres ont systématiquement boudé les lieux du scrutin. Rappellons en passant que, de la bouche-même de Monsieur l'Ambassadeur du Burundi à Bruxelles, 486 personnes ont été inscrites en février 2010, que la CENi n'a retenu que 455, et que le jour du référandum présidentiel (le 29 juin), 17 personnes se sont fait inscrire sur le champ, d'où le total des valablement inscrits porté à 472. Qu’en dire ? Tout comme au terme du scrutin massivement chaotique et fraudé du 24 mai dernier, Bujumbura et ses communes urbaines, un tantinet moins manipumables que le Burundi profond affiche fièrement des chiffres avoisinants ceux de Bruxelles. C’est plus qu’un symbole. Le premier enseignement à tirer est qu’il y a un lien étroit entre démocratie et ouverture d’esprit, ou tout simplement degré d’instruction, donc de compréhension de la complexité de des choses de la cité. Instruisez d’abord le peuple et vous verrez qu’il sera difficile de se faire élire à 90% après avoir liquidé les deniers publics, vendu le falcone 50, subtilisé le pétrole nigérian et magouillé l’affaire interpétrole, érigé la corruption en mode de gouvernement, fomenté de vrais faux coups d’Etat, emprisonné et tué sans vergogne à Muyinga, Kinama et autres Manirumva, et j’en passe des pires actes sans bravoure, dignes d’une dictature totalitaire d’un parti arborant pourtant beaucoup de D démocratiques dans son acronyme ! Une fallacieuse mesure de scolarisation universelle ou de gratuité de soins de santé maternelle et infantile, d’avoir planté des milliers d’avocatiers et joué au foot durant toute la législature au lieu de s’occuper de dossiers brûlants, tomberont comme des « gouttes de pluie dans la Kibira » (pardon pour les non-kirundiphones) dans les oreilles critiques d’un Burundais un rien instruit. L’autre ensignement, tout aussi valable et vrai, est à établir, non comme une conclusion scientifique, mais comme suffisamment éloquent pour tous ceux qui connaissent la sociologie burundaise : même bâillonnée et ligottée, l’opoosition vient de marquer un point important, elle qui a crié au hold-up, mais dans le désert. On attend voire les ingénieux statisticiens comparant les chiffres des présidentielles et ceux des communales. Désormais l’on ne pourra pas contester l’assise de l’opposition et son discours sans faire des cauchemars, pour autant que l’on ait une petite conscience des réalités : le taux de participation au référendum présidentiel contraste et tranche avec la participation réellement massive des communales. Le plébiscite stalinien n’y change rien. Que s’est-il donc passé pour qu’en l’espace d’un mois la population dont on nous a rabattu les oreilles qu’elle adore tant le président footballeur, planteur d’avocats et prétendument proche du peuple soit en si grand désamour avec lui ? Quand on n’aime on participe pour le faire savoir, non ? L’autre leçon est qu’on attend voir ce que vont publier les observateurs de la communauté internation, entendez quelques Belges et autres Européens de loin ou de près intéressés par ce que l’on sait, et qui ont dépêché « des observateurs ». Dans tous les cas, et sous réserve d’une surprise des résultats « officiels » et généraux, sur lesquels la CENi (sic) a décidé de faire main basse en imposant un embargo, sans doute jusqu’à ce que la manipulation soit terminée (et non le vote -et pour cause), il est permis d’entrevoir une sorte d’ingouvernabilité du Burundi par un président si mal élu. De quelle légitimité, en effet pourra-t-il se targuer ? On peut même craindre que ragaillardie par les chiffres des présidentielles, l’opposition ne remonte aux créneaux pour organiser davantage, plus en profondeur et de manière plus musclée la contestation de tous les scrutins. La sagesse recommande au pouvoir sortant de changer le fusil d’épaule, s’il ne veut pas se porter comptable d’une catastrophe annoncée tambours battants. |