Deutsche Welle, 14/05/2024 Le 11 mai, une attaque à la grenade a blessé une trentaine de personnes à Bujumbura. Le gouvernement burundais accuse les RED-Tabara, soutenus selon lui par le Rwanda. Selon le ministère burundais de l'Intérieur et de la Sécurité publique, la faction armée RED-Tabara (Mouvement de la résistance pour un Etat de droit au Burundi) est responsable de cet attentat perpétré à la principale gare routière de Bujumbura, qui a fait 38 blessés, dont cinq graves.
Pour rappel, le RED-Tabara a été créé en 2011 et avait revendiqué en 2021 une attaque contre l'aéroport de Bujumbura. Il est le plus actif des mouvements rebelles du Burundi, avec un effectif estimé entre 500 et 800 combattants. Sur son compte X, RED-Tabara fait savoir qu’il rejette les accusations du gouvernement burundais, tout en soulignant qu’il ne s’en prend pas à des civils innocents. André Kazigaba est un Rwandais réfugié au Mozambique. Pour lui, il n’y a aucun doute quant à l’implication des RED-Tabara et, par extension, du Rwanda dans la déstabilisation du Burundi. "RED-Tabara a été fondé sur le sol rwandais. Il est composé par les ex-putschistes du Burundi de 2015, mélangés à des militaires rwandais et congolais, qui sont équipés et commandés par les RDF (Rwanda Defense Forces). Kagame et ses criminels s’habituent à ces actes d’insécurité dans toute la région des Grands Lacs. Comme pour la RDC, le Rwanda évoque des problèmes de gestion interne. Kagamé et son groupe doivent savoir que le Burundi est un pays indépendant qui a son gouvernement", assure André Kazigaba. Dans son communiqué de presse, le Rwanda précise que "le Burundi doit être aux prises avec d'importants problèmes internes pour que son gouvernement accuse le Rwanda". Il appelle son voisin à résoudre ses problèmes sans associer le Rwanda à de tels incidents. Tumultueuses relations de voisinage De son côté, l’écrivain David Gakunzi rappelle que le Burundi est un pays qui va mal depuis plusieurs années et chaque fois qu’il est confronté à des difficultés, ses dirigeants ont, selon lui, tendance à pointer du doigt le Rwanda. "Je crois que normalement, le rôle d’un responsable politique est de résoudre les questions qui se posent à son pays, à sa société, et non pas de fuir ses responsabilités en désignant à la vindicte populaire des boucs émissaires intérieurs ou extérieurs. ". Pour la journaliste belge Colette Brakcman, spécialisée dans la région des Grands Lacs, le Rwanda assurerait sa sécurité en exportant les conflits chez les pays voisins. Selon elle, "la politique du Rwanda est de s’entourer d’une sorte de glacier sécuritaire. Souvent, dans les interviews de James Kabarere qui travaille avec le président Kagame, il dit que le Rwanda n’a pas la profondeur. On peut comprendre que la profondeur existe dans les pays voisins, en l’occurrence la RDC, mais aussi le Burundi juste à côté. On mène les combats à l’extérieur de nos frontières, c’est-à-dire sur les territoires des pays voisins." Le Burundi accuse régulièrement le Rwanda de soutenir le RED-Tabara, ce que le Rwanda nie. Le Burundi a fermé sa frontière avec le Rwanda en 2015 en raison d'accusations mutuelles de soutien à des groupes rebelles. La frontière a été rouverte en 2022, puis refermée en janvier dernier par le Burundi, après une attaque qui a tué 20 personnes, dont des femmes et des enfants. Wendy Bashi |