ARRESTATIONS AU BURUNDI après l'assassinat du premier ministre A.F.P., 18 janvier 1965 Bujumbura, 18 janvier (A.F.P.). - Une vive émotion règne au Burundi depuis l'assassinat, vendredi soir, du premier ministre M. Pierre Ngendandumwe, abattu de plusieurs balles de fusil automatique tirées dans le dos. " Il s'agit d'un assassinat politique, et tout est mis en œuvre pour retrouver les coupables, qui seront châtiés comme l'ont été les assassins du prince Rwagasore ", a déclaré M. Marc Manirakiba, ministre des affaires étrangères, à l'issue d'un conseil des ministres.
Les frontières du pays sont fermées et les grands axes routiers sont sous le contrôle de l'armée et de la gendarmerie. Le mwami Mwambutsa IV (roi du Burundi) a adressé un message au peuple lui demandant de garder son calme et assurant que tout sera fait pour trouver et châtier les coupables. D'autre part, la radio de Bujumbura a annoncé qu'une série d'arrestations avait été effectuée parmi certaines personnalités politiques du pays. C'est ainsi que sont notamment en état d'arrestation MM. Nyamoya, ancien premier ministre, Augustin Ntamagara, député et secrétaire général de la Fédération des travailleurs du Burundi ; François Bang Mu, directeur général de l'information ; Pierre Ngunzu, ministre des communications, et Zeno Nicayenzi, directeur général à la présidence du conseil. En outre, M. Pascal Magence, secrétaire d'Etat à la gendarmerie, a été démis de ses fonctions, par arrêté royal, et remplacé par M. Serukwavu, commandant en chef de la gendarmerie de Bujumbura. Enfin, par décision du ministre de la justice, la Fédération des travailleurs du Burundi et les jeunesses Rwagasore sont interdites. Le conseil des ministres a décerné le titre de " second héros national " à M. Ngendandumwe, le titre de " premier héros national " ayant été donné au prince Rwagasore, fils du mwami Mwambutsa, en 1961. Si l'assassinat de M. Ngendandumwe est un crime politique, il est probable, estiment les observateurs, que les rivalités personnelles l'ont inspiré pour une part au moins égale. C'est en tout cas ce qui semble ressortir de l'identité des personnalités mises en état d'arrestation. |