@rib News, 26/09/2008 – Source AFP Après 21 mois à la tête du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), le Premier ministre congolais Antoine Gizenga, 83 ans, a annoncé jeudi à Kinshasa sa démission, dans un message télévisé, évoquant le poids de l'âge. "J'ai décidé en ce jour de présenter ma démission de ce poste auprès du président de la République. Nous aurons la réponse du Président de la République Joseph Kabila lorsqu'il lui plaira de nous la faire savoir", a déclaré Antoine Gizenga.
Il évoqué, dans son message à la Nation, le poids d'âge qui ne lui permet pas d'exercer convenablement ses charges d'Etat. "Pour tout homme, même si l'esprit peut encore être sain et alerte, le corps physique a ses limites dont il convient de tenir compte", a expliqué le vieil homme. Cet ancien opposant de longue date, leader charismatique du Parti lumumbiste unifié (Palu), avait été nommé à la tête du gouvernement fin décembre 2006 avant d'être investi en février 2007 par l'Assemblée nationale. Il est resté à la tête du gouvernement congolais pendant environ deux ans, mais la presse kinoise annonçait depuis plusieurs semaines un remaniement ministériel, laissant toutefois entendre qu’Antoine Gizenga devrait rester Premier Ministre. Antoine Gizenga dirigeait un gouvernement composé, en vertu d'un accord passé entre les deux tours de l'élection présidentielle, en 2006, des trois partis formant la coalition au pouvoir : l'Alliance pour la Majorité présidentielle (AMP) de Joseph Kabila, le PALU et l'Union des Démocrates Mobutistes (UDEMO) de François Joseph Nzanga Mobutu, fils de l'ex-dictateur zaïrois Mobutu. La coalition dispose ainsi d'une large majorité à l'Assemblée nationale. Le "patriarche" Gizenga avait servi dans le gouvernement de Patrice Lumumba, le premier Premier Ministre après l'indépendance de la Belgique, le 30 juin 1960 - et qui devait être assassiné quelques mois plus tard. La démission du chef du gouvernement était réclamée depuis plusieurs mois notamment par l'opposition et des organisations de la société civile qui l'accusaient d'"immobilisme". Auparavant, il avait été l'ancien bras droit du tout premier chef de gouvernement du Congo indépendant, Patrice Lumumba : il avait occupé le poste de vice-premier ministre en 1960, avant de prendre le chemin de l'exil à la suite de l'éviction du Premier ministre Lumumba. Il est revenu aux affaires 46 ans après, à la faveur de l'élection à la présidence de Joseph Kabila en 2006, pour "promouvoir", a-t-il expliqué jeudi, "la paix, renforcer l'unité nationale et instaurer la bonne gouvernance dans un élan de redressement politique, économique et social de la Nation" qui sort d'une dizaine d'années de guerres. "La tâche est immense car le fossé de la régression dans lequel était tombé notre pays est très profond. Toutefois, on peut aujourd'hui affirmer que le pays commence à reprendre le bon cap et à connaître une vraie dynamique de redressement et de refondation", a-t-il estimé jeudi. Mercredi, à l'issue d'une mission d'évaluation de 18 jours à Kinshasa, une délégation du Fonds monétaire international (FMI) a jugé "satisfaisante" l'exécution du programme économique 2008 par le gouvernement. Elle a noté une "forte performance" des recettes" qui a facilité la réduction des emprunts auprès des banques. La mission a en outre noté une politique monétaire "encourageante" qui a aidé à "contenir le taux d'inflation à 24% en glissement annuel à la fin août face à l'augmentation des prix des produits pétroliers et alimentaires. M. Gizenga a demandé aux Congolais "de tenir bon et d'avancer avec détermination" pour relever les défis de la reconstruction d'un pays ravagé par les guerres. Il a exprimé "toute" sa gratitude" au président Kabila pour "la confiance qu'il a bien voulu" lui accorder et remercié les deux chambres du Parlement congolais pour "la courtoisie" à son égard. Il a exhorté les Congolais au travail pour reconstruire la RDC qui recèle d'immenses ressources naturelles, dont 34% des réserves mondiales connues de cobalt et 10% des réserves de cuivre. Malgré les richesses du sous-sol congolais, 75% des 60 millions d'habitants de la RDC vivent avec moins de un dollar par jour. Dans les rues de la capitale Kinshasa, l'annonce de la démission de M. Gizenga n'a semblé susciter aucun intérêt parmi la population préoccupée à survivre au quotidien. Antoine Gizenga démissionne au moment où plusieurs services de l'administration publique sont secoués par des revendications salariales, notamment dans les secteurs de l'éducation et de la santé. |