@rib News, 18/04/2014

Burundi : Trois journalistes et un opposant menacés par le pouvoir

Trois journalistes burundais sont menacés par le pouvoir après des reportages sur la probable distribution d'armes par le pouvoir aux jeunes du parti CNDD-FDD d'ailleurs déjà qualifiés de "miliciens" par certains observateurs.

Il s’agit des journalistes Alexis Nibasumba, correspondant de la radio Bonesha FM à Bururi (Sud du Burundi), Eloge Niyonzima, reporter dela radio Bonesha FM à Bubanza (Ouest du Burundi), et Alexis Nkeshimana, reporter de la radio RPA à Bubanza.

Alexis Nibasumba dit avoir pris l'option de se cacher "parce que la Police le recherchait après un reportage en janvier sur des séances de manipulation des armes" dans la commune de Rumonge de la province de Bururi.

Selon lui, le Gouverneur de province de Bururi et le Commissaire de la Police dans cette province l'ont invité à une réunion alors que la Justice avait déjà émis un mandat d'arrêt contre lui.

A l'Ouest du Burundi, près de la frontière avec le Congo dans la province de Bubanza, les deux journalistes Eloge Niyonzima reporter et Alexis Nkeshimana ont été traduits en Justice par le président du parti CNDD-FDD dans cette province.

Il les accuse d'avoir calomnié et injurié son parti sur la possibilité d'une attaque par les Imbonerakure venu du Congo dans cette province de Bubanza (proche d'ailleurs de la frontière avec le Congo).

Selon une source de Bubanza, ces journalistes avaient eu des informations sur une probable livraison d’armes aux jeunes du CNDD-FDD, parti au pouvoir au Burundi depuis 2005.

Ces armes, selon ces sources, auraient transité par la permanence de ce parti dont le président a porté plainte contre les deux reporters.

Entre temps, à Bujumbura, la radio  Rema FM du parti au pouvoir a aussi porté plainte contre l’opposant politique Léonce Ngendakumana, président d'une plate forme des partis de l'opposition et ancien président de l'Assemblée Nationale burundaise.

Selon son avocat, Me Francois Nyamoya, le président du parti Sahwanya-FRODEBU est accusé d’avoir insulté la radio  Rema FM en la comparant à la tristement célèbre "Radio Milles Collines" du Rwanda, connue pour ses émissions d'incitation à la haine lors du génocide de 1994 qui a couté la vie à plus de 800.000 personnes selon les estimations de l'ONU.

Le parti CNDD-FDD a aussi porté plainte contre ce leader politique, pour imputation dommageable à son égard suite à une lettre qu’il a envoyé en février dernier à Ban Ki Mon, dans laquelle il alertait le Secrétaire général des Nations Unies sur les activités des miliciens Imbonerakure, les éditoriaux divisionnistes de la Radio Rema FM du parti au pouvoir et surtout la restriction de l'espace politique par le régime de Nkurunziza.

Léonce Ngendakumana a été entendu toute la journée de jeudi et est rentré le soir. Il devra se présenter encore une fois devant le Parquet de Bujumbura lundi matin, comme l'a annoncé son avocat. [JMM]