Le « yes, you can » d'Obama résonne à travers le continent noir
Afrique

@rib News, 14/07/2009 – Source AFP

Obama a amplifié l'intensité de sa première visite de président à l'Afrique noire en rappelant ses origines, en parcourant l'un des hauts-lieux de la traite négrière et en ravivant le grand slogan de sa campagne électorale victorieuse, « yes, we can ».

L'appel à la responsabilité lancé par Barack Obama à l'Afrique a résonné lundi à travers le continent, certains trouvant dans son « yes, you can » (oui, vous le pouvez) un appui pour réclamer plus de démocratie et une meilleure gouvernance.

Au discours prononcé samedi devant le Parlement ghanéen par le président américain a répondu, du Sénégal au Mozambique, une même exhortation aux changements politiques et économiques.

Le discours d'Accra « résonne comme une vraie déclaration de guerre contre les dysfonctionnements qui paralysent l'Afrique depuis cinq siècles », affirme Guy Parfait Songue, professeur de sciences politiques à l'université de Douala.

« C'est celui d'un homme engagé et déterminé à bousculer les réalités qui sont celles du continent, notamment la corruption, l'absence de pratiques démocratiques et l'irrespect des droits de l'Homme », dit-il.

Au Ghana, petit pays érigé en modèle de démocratie, le premier président noir des Etats-Unis a invité les Africains à « assumer la responsabilité de (leur) avenir », promettant le soutien de son pays sur le chemin des réformes.

En demandant au continent de lutter contre le sous-développement plutôt que d'en rejeter la faute sur le colonialisme, « Obama a lancé à l'Afrique un défi que nous devrions prendre un sérieux », estime Emmanuel Akwetey, directeur de l'Institut ghanéen pour la gouvernance démocratique (IDEG).

Le parcours personnel de Barack Obama, fils d'un immigrant kényan, lui donne à l'évidence une légitimité particulière pour évoquer sans détours les plaies du continent.

« Il n'y a pas mieux placé qu'Obama, dans les veines duquel "coule le sang africain", pour "cracher" ces vérités aux Africains », souligne le quotidien gratuit marocain Au fait.

Le président français Nicolas Sarkozy avait dit « à peu près » la même chose en 2007 à Dakar, mais prononcé par un « Blanc, français de surcroît », ce message « ne pouvait pas passer », avance le journaliste et écrivain ivoirien Venance Konan, dans le quotidien indépendant L'Inter.

M. Sarkozy avait subi une tempête de protestations - à l'exception notable de l'ex-chef de l'Etat sud-africain Thabo Mbeki - pour avoir déclaré que « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire ».

En mettant le continent « face à ses responsabilités », le président américain « a répondu aux attentes placées en lui par des millions d'Africains », s'enthousiasme le journaliste sénégalais Adama Gaye, dans le quotidien privé Walf Fadjri.

Au Zimbabwe, ravagé par des années de règne de Robert Mugabe, le parti de l'opposant Morgan Tsvangirai, devenu Premier ministre, a d'ailleurs dit trouver une « inspiration » dans le discours d'Accra.

Aussi admiré soit-il, le locataire de la Maison blanche est toutefois attendu au tournant.

« Nous saluons l'engagement de Barack Obama à être aux côtés des Africains qui œuvrent pour le bien-être du continent, mais nous attendons la matérialisation de ce soutien. C'est une attente urgente et immédiate », insiste Hilaire Kamga, porte-parole de la plate-forme de la société civile pour la démocratie au Cameroun.

De son côté, le quotidien mozambicain O Pais juge qu'« Obama doit travailler directement avec le continent pour garantir » des élections « en accord avec les principes démocratiques ».

Faute de quoi, avertit le journal, « la démocratie deviendra insignifiante et l'instabilité inévitable, menaçant la sécurité » de l'Afrique comme celle des Etats-Unis.