Burundi : 53čme anniversaire de l’assassinat du Prince Louis Rwagasore
Politique

PANA, 13 octobre 2014

Commémoration du 53ème anniversaire de l’assassinat du héros de l’indépendance du Burundi

 Bujumbura, Burundi - La journée de lundi a été déclarée officiellement "chômée" et "payée" pour permettre aux Burundais des différentes sensibilités politico-ethniques de commémorer, dans le recueillement, le 53ème anniversaire de l’assassinat du Prince, Louis Rwagasore, le héros de l’indépendance nationale et qui reste encore, de nos jours, une icône de référence pour l’unité et la fierté nationales.

 

Des messes de requiem ont été célébrées, suivies par des dépôts de gerbes de fleurs sur les multiples monuments qui ont été érigés dans pratiquement tout le pays, en l’honneur de l’illustre disparu à peine un mois après avoir conduit à la victoire électorale, l’Unité pour le progrès national (UPRONA).

Les élections législatives du 18 septembre 1961, qui étaient supervisées par l’Organisation des Nations Unies (ONU), avaient connu une large victoire de 80% des suffrages exprimés pour l’UPRONA, et 20% pour le "Front commun", une coalition hétéroclite de partis qui ne voulait pas de l’indépendance immédiate du pays.

Fort de sa légitimité populaire, l’ex-parti unique accéléra la cadence dans la mobilisation pour une indépendance immédiate et sans condition vis-à-vis de la tutelle belge et cela fut fait le 1er juillet 1962.

Les cérémonies du 53ème anniversaire de l’assassinat du père de l’indépendance nationale ont été également marquées par la rediffusion, sur les lieux de recueillement, de l’impérissable discours qu’il prononça dans la foulée de la victoire électorale de l’UPRONA, le 18 septembre 1961.

S’adressant à ses "chers compatriotes" et "en ce moment décisif", le Prince indiquera que le peuple venait de choisir ses dirigeants nationaux et de se prononcer sur son avenir dans un climat de calme et de paix qui l’honore.

"Dans toute compétition, fut-elle politique, il y a un gagnant et un perdant, et l’UPRONA, de par votre libre volonté, est sortie vainqueur des élections législatives et formera demain le premier gouvernement du Burundi autonome".

C’est au moment où le Prince Louis Rwagasore réunissait son cabinet qu'il sera assassiné dans un restaurant chic des abords du Lac Tanganyika, bordant la capitale burundaise.

Toujours dans son discours historique, l’homme de l’unité avait eu le temps de dire que "le Burundi a besoin de tous, à quelques partis politiques qu’ils appartiennent. C’est pourquoi, "mes chers compatriotes, la victoire électorale d’aujourd’hui n’est pas celle d’un parti, mais le triomphe de l’ordre, de la discipline, de la paix, de la tranquillité publique".

Le discours parle encore aux Burundais des différentes générations dans l’extrait qui fait comprendre à ses compatriotes que "sans autorité forte, aucun pays ne connaît l’ordre, la paix, la tranquillité et le progrès".

Mesurant l'ampleur des tâches qui l'attendaient, le Prince dira encore que "l’heure est arrivée de se pencher sur les véritables problèmes de la nation : problèmes économiques surtout, problèmes de la terre et de l’émancipation sociale du petit peuple, problèmes de l’enseignement et tant d’autres auxquels nous cherchons et trouverons des solutions qui nous sont propres".

L'homme savait aussi faire dans l'humilité quand il s'adressait encore à ses concitoyens pour dire qu'"à cette heure de la victoire du parti, fût-il le mien, je ne suis pas grisé par le succès car, pour moi et mes amis, la véritable victoire ne sera atteinte qu’après l’accomplissement d’une tâche difficile mais exaltante : un Burundi paisible, heureux et prospère".

Au peuple belge, "j’ai l’honneur d’adresser un message de gratitude. La responsabilité que, vous Belges, vous portiez, vous allez bientôt la transférer sur nos épaules et nous sommes conscients de nos devoirs".

"Nous vous demandons de nous aider à entreprendre l’avenir avec confiance, de continuer à nous aider avec générosité, à nous guider dans le respect de notre dignité, de nos intérêts et de notre propre conception de l’intérêt national".

"Vous nous jugerez à nos actes et votre satisfaction sera notre fierté", conclura-t-il son discours que les Burundais réécoutent religieusement à chaque anniversaire de l’assassinat aujourd’hui encore mal élucidé du père de l’indépendance nationale.

Des compagnons de lutte pour l’indépendance nationale encore en vie ont écrit, il y a de cela plus de dix ans, une lettre au parlement belge pour qu’il ouvre un débat sur les circonstances et les commanditaires de l’assassinat de l’intraitable partisan de l’émancipation immédiate vis-à-vis de la colonisation belge et la réponse se fait de nos jours encore attendre.