Burundi : beaucoup de cancers sont mortels du fait de leur diagnostic tardif
Santé

@rib News, 05/11/2014 – Source Xinhua

Beaucoup de cancers sont mortels au Burundi du fait de leur diagnostic tardif, a révélé mercredi dans une interview le Dr Dominique Gacukuzi, médecin à l'hôpital Bumerec à Bujumbura, qui a mené des études bibliographiques sur les cancers à l'Université de Montréal.

Selon le Dr Gacukuzi, même si les statistiques manquent encore au Burundi sur l'ampleur du mal en termes de taux d'hospitalisation et de décès du fait des cancers, ceux-ci semblent avoir marqué une courbe ascendante au cours des 20 dernières années.

Le Dr Gacukuzi a déploré que les cancers arrivent trop tard en milieu hospitalier au Burundi, alors qu'ils auraient pu être détectés très tôt et soignés à temps pour stopper leurs progressions.

"Le cancer est une maladie qui touche pratiquement tous les organes, à commencer par la peau, les yeux, les reins, le coeur, les poumons; bref, tous les organes humains peuvent être attaqués par le cancer. Quand les cellules du corps commencent à se multiplier de façon anarchique et exagérée avec des organes qui ont augmenté de volume dans des proportions anormales, on parle de tumeurs cancéreuses, a-t-il expliqué.

"La fréquence des cancers est immense au Burundi. Mais on ne les recherche pas à temps", a déploré le Dr Gacukuzi.

"Le cancer doit être dépisté tôt et c'est pourquoi tous les citoyens devraient développer des réflexes de se faire consulter (...) chaque fois qu'ils ont mal sur leur corps de façon inhabituelle et répétitive, afin de procéder à un premier examen médical", a-t-il recommandé.

Selon le Dr Gacukuzi, "ce n'est pas nécessairement un problème de moyens qui se pose pour le Burundi, c'est plutôt une question de conscience".

Pour le médecin Gacukuzi, le Burundi gagne à initier de nouvelles lois pour la protection de tous les milieux du travail et en vue d'un contrôle des cancers.

Mais les lois ne suffisent pas, a-t-il souligné, en faisant remarquer que la perspective d'introduire un vaccin contre le cancer du col de l'utérus au Burundi en 2015 ferait que le pays marque des progrès dans la réduction des décès dus à cette maladie.

De la sorte, a-t-il noté, le Burundi aura emboîté le pas aux pays de la sous-région comme le Rwanda, la Tanzanie et le Kenya.

A ses yeux, a-t-il suggéré, le Burundi devrait agir particulièrement en amont en mettant en place une politique sanitaire sectorielle contre le cancer.

Le fer de lance d'une telle politique, a-t-il noté, devrait se focaliser notamment sur un contrôle rigoureux au niveau de l'utilisation des engrais chimiques qui participent à l'augmentation de la production des denrées alimentaires comme le riz, le mais ou la pomme de terre.

Il faut, a-t-il proposé, que les Burundais puissent manger des aliments sains susceptibles de contribuer à ce que les cellules du corps humain fonctionnent normalement pour prévenir l'irruption de certains cancers.