Burundi : Les Homélies des messes sous surveillance du pouvoir
Société

@rib News, 12/11/2014

 La retransmission de la messe dominicale à la Cathédrale Régina Mundi de Bujumbura a été coupée dimanche dernier par la Radio Nationale du Burundi (RTNB), sans explication. Alors que le prêtre parlait sur les concepts de sagesse (Ubushingantahe), souvent décriés par le pouvoir en place, le signal a été subitement interrompu et la diffusion de la messe n’a pas repris.

L’incident n’a pas fait grand bruit dans la presse locale du fait que les médias privés ont voulu manifester leur solidarité avec leurs collègues de la radio nationale, explique un journaliste joint sur place.

Certains prêtres catholiques du Burundi auraient depuis quelque temps reçu des appels menaçants, pour s’expliquer sur des mots lancés dans leurs homélies. Il y a des gens qui téléphonent les prêtres après les messes pour les mettre en garde que si la prochaine fois ils reprennent ça sera plus grave pour eux.

Certains prêtres ont confirmé avoir eu cette mésaventure d’être appelé ces derniers jours, mais affirment qu’il n’est « pas question de se laisser intimider ».

Notons aussi qu’il y a quelques mois, un  prêtre de l’église catholique avait été menacé de mort à l’ETS Kamenge par un groupe d’élèves à la tête desquels un certain "Commissaire", un élève soutenu par la Ligue des jeunes du parti au pouvoir.

Les temps semblent durs ces derniers jours au Burundi pour les hommes et femmes d’Eglise. Le mois dernier les services de renseignement ont arrêté deux pasteurs des Eglises "Guérison des Ames" et "Pentecôtes Rwandais". L’un sera expulsé vers le Rwanda tandis que l’autre est gardé en prison pour "atteinte à la sureté de l’Etat".

Plus grave, en l’espace de trois ans, deux couvents ont été attaqués par des hommes armés faisant des victimes parmis les religieux.

Au mois de septembre de cette même année, trois vieilles religieuses d’origine italienne furent tuées dans leur couvent à Kamenge. Un "fou" sera arrêté et présenté comme étant l’assassin. La thèse d'un déséquilibré, soutenue par la police, n’a pas convaincu grand monde.

En 2011, une habitation des humanitaires catholiques fut attaquée et deux personnes, une sœur et un médecin, avaient été tuées. [JMM]