Burundi : les aiguilles non stérilisés cause majeure de l'hépatite C dans les années '80
Santé

@rib News, 20/11/2014 - Source Xinhua

Au Burundi, l'utilisation des aiguilles et des instruments médicaux non stérilisés au cours des années 1980 est la cause majeure de l'amplification du virus d'hépatite C, a affirmé le Pr Evariste Ndabaneze, professeur de médecine interne et de gastroentérologie à la faculté de médecine à l'Université du Burundi (UB), spécialiste d'hépato- gastroentérologie et médecin consultant au Centre-Hospitalo Universitaire de Kamenge (CHUK).

Dans une interview accordée jeudi, le Pr Ndabaneze a indiqué que les premières contaminations d'avant les années 1990 au Burundi étaient essentiellement dues aux transfusions de sang effectuées à l'époque.

"Lors de ces transfusions aux malades, on éliminait essentiellement le sang qui avait des marqueurs de l'hépatite B et de la syphilis. Mais on n'avait pas les tests pour l'hépatite C. Alors, on a infecté beaucoup de gens sans le savoir puisque ce virus n'était pas connu", a-t-il révélé.

Ce mode de transmission est pratiquement inexistant aujourd'hui parce que tout sang destiné à être transfusé est d'abord examiné pour éliminer tout sang qui serait porteur de ce virus, a-t-il nuancé.

Même si la contamination du virus par les aiguilles n'est plus d'actualité au Burundi, il faut reconnaître que jusque très récemment, les aiguilles à usage unique n'étaient pas partout dans les centres burundais de santé, a fait remarquer le Pr Ndabaneze.

"Alors on vaccinait parfois des enfants en chaîne avec la même aiguille au Burundi particulièrement, ce qui signifie que la contamination par le virus pouvait intervenir à l'occasion de l'utilisation des aiguilles non stérilisées ou insuffisamment stérilisées", a-t-il souligné.

Selon le Pr Ndabaneze, au Burundi, les rares études menées sous forme d'enquête épidémiologique montrent que la prévalence de l'hépatite C est estimée à 1,2%, alors que ce portail est beaucoup plus élevé pour le virus de l'hépatite B, la prévalence oscille entre 8 et 10%.

"Même si les deux virus partagent le dénominateur commun d'attaquer le foie, quand on attrape l'hépatite B, sauf chez les enfants, le développement de cette maladie se solde finalement par une négativation du virus dans presque 90% des cas", a-t-il expliqué.

"Or, pour l'hépatite C, dans la tranche d'âge des adultes, en cas d'une infection aiguë, seulement 15 à 35% sont potentiellement guérissables. Cela signifie que 65 à 85% des adultes porteurs du virus d'hépatite C, peuvent développer des hépatites chroniques dont 20% qui peuvent devenir dans 10 ou 20 ans des cirrhoses du foie, qui sont des stades mortels de la maladie à cause des complications de celle-ci", a indiqué le Pr Ndabaneze.

En ce qui concerne le taux de mortalité, il a déclaré qu'on observe aujourd'hui un grand pourcentage d'évolution de l'hépatite C vers le stade mortel à travers le développement d'une cirrhose ou d'un cancer du foie.

Mais pour le Pr Ndabaneze, plus grave au Burundi est que sans dépistage précoce et suite au manque d'une tradition pour faire des bilans de santé, beaucoup de Burundais ignorent qu'ils sont porteurs d'hépatite C.