Pierre Buyoya : un ex-putschiste à la tête de la Francophonie ?
Diplomatie

24HeuresActu29 novembre 2014

L’ancien président burundais Pierre Buyoya (photo), tristement célèbre pour avoir pris deux fois le pouvoir par les armes, est candidat à la présidence de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) dont l’élection se tiendra dimanche à Dakar. Une élection qui aura pour juge de paix un certain François Hollande : le chantre de la démocratie en Afrique pourrait-il soutenir un ancien putschiste ?

Pour remplacer Abdou Diouf, figure tutélaire de la francophonie et symbole de la démocratie en Afrique de l’Ouest, un candidat défraye la chronique depuis plusieurs semaines : Pierre Buyoya, qui en 1987 et en 1996 a pris le pouvoir au Burundi suite à deux coups d’états militaires. Une candidature qui interroge au regard du parcours de cet ancien soldat ayant rangé son treillis au placard une fois (ou plutôt deux fois en ce qui le concerne) le pouvoir conquis.

Et comme le processus de sélection du président de l’OIF est on ne peut plus nébuleux, on peut imaginer voir cet archétype du népotisme militaire africain prendre la tête de la francophonie… A condition que François Hollande avalise ce choix. Car si le successeur d’Abdou Diouf va officiellement être élu par les chefs d’Etats des pays membres, la France (premier bailleur de l’organisation) n’en demeure pas moins le juge de paix du scrutin.

Et comme la constance est loin d’être le point fort du président français, ne peut-on pas imaginer François Hollande soutenir un candidat au détriment des engagements qu’il prend à longueur de journées quand il est dans ses bureaux de l’Elysée ? Fort peu probable au regard du pedigree de Pierre Buyoya, mais pas totalement improbable au regard de celui de notre cher président.

L’élection d’un double putschiste pour prendre la succession d’Abdou Diouf, de surcroît à Dakar, serait en tout cas ironique. L’ancien président sénégalais est en effet le premier président d’Afrique de l’Ouest à avoir quitté le pouvoir démocratiquement après avoir perdu la présidentielle de 2000 face à Abdoulaye Wade…