Processus électoral au Burundi : l'opposition dénonce des fraudes
Politique

RFI, 02-12-2014

Au Burundi, l’enrôlement des électeurs en vue des élections générales de 2015 bat son plein. Pour l'instant, 1,7 million de personnes, environ 42% des électeurs, se sont déjà fait inscrire, selon la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Cette  opération est toutefois rendue difficile par le fait qu’une grande partie de la population n’a pas de carte d’identité.

L'administration s’est donc lancée en même temps dans une opération de distribution de cartes, indispensables pour se faire inscrire. L’opposition, la société civile et les médias indépendants du Burundi ne cessent de dénoncer, souvent preuves à l’appui, de nombreuses irrégularités.

Ces cartes nationales d’identité sont distribuées clandestinement dans plusieurs coins du pays, ici à des mineurs et là, aux seuls militants du parti au pouvoir le CNDD-FDD et par de simples chefs de colline ou carrément des militants de ce même parti. En 2010 déjà, l’administration avait distribué jusqu’à un million cinq cent mille cartes d’identité un mois avant les élections générales, le tiers des électeurs de l’époque. Aujourd’hui rebelote, combien de cartes ont-elles déjà été distribuées ? L’administration ne donne aucun chiffre, mais toute l’opposition parle d’une fraude massive.

Retrait

L’alliance ADC-Ikibiri a pris comme d’habitude une position radicale. Son président Léonce Ngendakumana : « Nous avons décidé de retirer immédiatement les membres des partis membres de la coalition ADC-Ikibiri dans les Cépi (les Commissions électorales provinciales indépendantes) et les Céci (les Commissions électorales communales indépendantes (Céci).».

Et même si le gouvernement tente d’en minimiser l'ampleur, la différence aujourd’hui c’est que même le ministre burundais de l’Intérieur a fini par reconnaître hier matin qu’il y avait de nombreuses irrégularités.

Edouard Nduwimana : « Concernant certaines irrégularités qui sont soulevées, je vous dirais qu’il y en a pas mal et il y en a qui relèvent de l’administration comme vous le dites, notamment à la carte d’identité. Je pense que le message que nous avons donné aux gouverneurs de province est assez clair. Et les administratifs qui iront contre ce message, des sanctions seront prises ».

Une pause dans le processus ?

Du coup, l’opposition burundaise a mis la pression sur la Céni hier au cours d’une réunion d’évaluation du processus d’enrôlement. Elle demande avec insistance une pause. Pour une fois, la Céni du Burundi n’a pas été aussi tranchante que d’habitude. Elle a dit qu’elle allait réfléchir à la question.