Fermeture de la mission politique de l'ONU au Burundi, à quelques mois des élections
Diplomatie

@rib News, 12/12/2014 – Source AFP

 L'ONU a officiellement fermé vendredi sa mission politique au Burundi, après 20 ans de présence dans ce pays marqué entre 1993 et 2006 par une guerre civile, malgré des tensions croissantes à quelques mois d'élections générales, a-t-on constaté sur place.

Le drapeau de l'ONU a été amené vendredi matin (photo) lors d'une cérémonie officielle dans l'enceinte du Bureau des Nations unies au Burundi (Bnub), présidée par le sous-secrétaire général de l'ONU chargé des Affaires politiques Jeffrey Feltman et du ministre Relations extérieures, Laurent Kavakure.

« Nous célébrons la conclusion du mandat du Bnub, la dernière formation du dispositif mis en place par l'Onu au Burundi en matière de maintien de paix et de coopération politique, qui a débuté en 1993 (...) pour faciliter le rétablissement de l'ordre constitutionnel », a déclaré M. Feltman.

Différentes missions de l'ONU - aux noms, mandats et effectifs variables - se sont succédé depuis l'assassinat en 1993 du premier président démocratiquement élu Melchior Ndadaye, un hutu, lors d’une tentative de coup d'Etat menée par l'armée alors dominée par la minorité tutsi, qui a plongé le Burundi dans une guerre civile qui a pris fin en 2006.

Le Bnub, mission politique, avait succédé en 2011 au Binub (Bureau intégré des Nations-Unies au Burundi), avec un mandat et une structure allégée, comptant environ 150 personnes. Le Binub avait lui-même succédé en 2007 à l'Opération de l'ONU dans le pays (Onub), qui avait compté jusqu'à plus de 5.500 Casques-Bleus.

« C'est un moment historique, mémorable (...) c'est la fin d'une période où le Burundi était considéré comme un Etat post-conflit », a expliqué M. Kavakure.

La fermeture du Bnub, réclamée par les autorités burundaises, a été critiquée par la société civile et l'opposition en raison de l'approche d'élections générales cruciales et sous tension au Burundi. Des législatives et communales sont prévues le 26 mai et le 1er tour de la présidentielle le 26 juin.

L'ONU avait proposé de prolonger sa mission dans le pays jusqu'à fin 2015, alors que la communauté internationale a exprimé depuis plusieurs mois ses inquiétudes sur les tensions croissantes au Burundi, sur fond de violence politique et d'entraves aux libertés, à l'approche des élections.

« Il reste de nombreux défis, davantage d'efforts restent à faire pour que toutes les parties prenantes burundaises contribuent à la consolidation de la démocratie et de l'Etat de droit », a souligné vendredi M. Feltman.

Une Mission d'observation électorale de l'ONU au Burundi entamera ses travaux le 1er janvier. Les autres agences de l'ONU présentes dans le pays restent en place.

Le Bnub, dans la ligne de mire de Bujumbura en raison de ses nombreuses critiques sur les violations des droits de l'Homme dans le pays, avait suscité l'ire des autorités lors de la fuite dans la presse en avril d'une note confidentielle faisant état de la distribution d'armes à l'aile de jeunesse du parti au pouvoir, ce que le gouvernement avait démenti.

Agathon Rwasa, ancien rebelle et principal opposant burundais a dénoncé vendredi un départ prématuré.

L'histoire du Burundi, petit pays des Grands Lacs, est jalonnée de massacres ethniques et les précédentes élections de 2010, boycottées par l'opposition, avaient débouché sur des violences.