Burundi : L'opposition durcit le ton et menace de paralyser le processus électoral
Politique

RFI, 17-12-2014

Au Burundi, l'opposition, unie, demande la démission de la CENI

 Le Burundi va-t-il s'enfoncer dans une nouvelle crise électorale après celle de 2010 ? Tous les partis politiques de l'opposition burundaise, unis pour la première fois, ont demandé hier une démission immédiate de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Elle est accusée d'avoir participé à une fraude massive sur les listes électorales au moment de l'enrôlement des électeurs, qui a pris fin vendredi. Ces partis menacent de paralyser le processus électoral de 2015 s'ils ne sont pas entendus. [Photo (de g à d) :  Jean Minani, Léonce Ngendakumnana, Agathon Rwasa et Charles Nditije, au cours de leur conférence ce mardi 16 dec 2014]

Il s’agit d’un pas supplémentaire dans l’escalade, encore verbale, au Burundi. Les 18 partis d’opposition ne se contentent plus de demander l’invalidation des résultats de l’enrôlement. Et c’est Agathon Rwasa, la principale figure de cette opposition, qui a été chargée de lancer la bombe hier.

Au cours d’une conférence de presse aux côtés de ses pairs. « Nous, partisans d’organisations politiques de l’opposition au Burundi, exigeons la démission immédiate et sans condition de la CENI, discréditée et incapable de conduire un processus électoral digne de ce nom. »

Pas de boycott

La Commission est accusée d’avoir orchestré, avec le parti au pouvoir au Burundi,  une fraude massive, basée sur une distribution massive de cartes d’identité aux partisans du pouvoir. Mais contrairement à 2010, où l’opposition avait boycotté les élections, cette fois, pas question de laisser le champ libre au seul parti au pouvoir.

« Nous allons faire appel à tous les citoyens qui veulent le changement, affirme Jean Minani, du Frodebu-Nyakuri, le CNDD (parti au pouvoir, ndlr) n’ira plus aux élections seul. Nous irons tous ensemble ou nous n’irons pas », a-t-il conclu, très applaudi.

Cette fois, le gouvernement burundais a décidé de jouer l’apaisement. Le très contesté ministre de l’Intérieur a promis ce mardi d’ouvrir un peu plus l’espace politique, et la CENI dit qu’elle va rencontrer toute la classe politique lundi 22 décembre, en vue d’aplanir toutes ces divergences de vues.