Burundi : le directeur d'une radio écroué pour "complicité d'assassinat"
Justice

@rib News, 20/01/2015 – Source AFP

Le directeur de la Radio publique africaine (RPA), la station privée la plus populaire du Burundi et réputée proche de l'opposition, a été écroué mardi à Bujumbura pour "complicité d'assassinat" de trois religieuses italiennes en septembre 2014.

Le directeur, Bob Rugurika (photo), a été convoqué au tribunal de grande instance de Bujumbura au sujet d'informations que sa radio diffuse depuis plusieurs jours en relation avec l'assassinat des trois religieuses. "On lui a demandé de livrer l'un de leurs assassins qui a avoué sur la radio", mais il a refusé, a annoncé à la presse l'un de ses avocats, Me Lambert Nigarura.

"Finalement, il a été inculpé de manquement à la solidarité nationale, de complicité d'assassinat et de violation du secret d'instruction après huit heures d'interrogatoire entrecoupé de sortie du magistrat qui allait demander des instructions", a poursuivi l'avocat, déplorant "le manque d'indépendance de la magistrature burundaise".

M. Rugurika est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison.

La RPA, une station réputée pour ses enquêtes judiciaires sur de nombreuses affaires retentissantes au cours des dernières années au Burundi, diffuse depuis une semaine les aveux d'un homme qui se présente comme l'un des assassins de trois religieuses italiennes en septembre 2014 à Bujumbura.

Cet homme, qui assure avoir "achevé" de ses mains la troisième religieuse dans la nuit du 7 au 8 septembre, a mis en cause dans cette affaire l'ancien chef des services secrets burundais, Adolphe Nshimirimana, aujourd'hui chargé de missions à la présidence et l'un des piliers du pouvoir du président Pierre Nkurunziza.

La version diffusée par la RPA prend le contre-pied de celle de la police qui a arrêté et écroué deux jours après l'assassinat des trois religieuses un homme qui passe pour un "déséquilibré" dans le quartier Kamenge de Bujumbura, ce qui n'a jamais convaincu ni l'église catholique ni la population.

Selon la police, l'assassin a égorgé les deux premières religieuses, Soeur Lucia Pulici, 75 ans, et Soeur Olga Raschietti, 83 ans, le 7 septembre 2014 dans l'après-midi. Il serait revenu plus tard dans leur couvent, où il aurait tué et décapitée Soeur Bernadetta Boggian, 79 ans.

Les trois soeurs étaient membres de la congrégation des Soeurs de Marie, branche féminine de l'ordre xavérien - du jésuite Saint François-Xavier -, et vivaient dans le couvent de la paroisse catholique Guido Maria Conforti de Kamenge, au nord de Bujumbura. La police a assuré qu'elles avaient été violées, ce qu'à toujours nié l'église catholique.