PANA, 20 janvier 2015

Bujumbura, Burundi - Le directeur de la Radio publique africaine (RPA, indépendante), Bob Rugurika, a fini par rejoindre Mpimba, la prison centrale de Bujumbura, au bout de plusieurs heures d’interrogatoire devant le Parquet près le tribunal de grande instance, en mairie de Bujumbura, sur des éléments en sa possession qui mettent en cause de hauts gradés de la Police et du Service national du renseignements dans l’assassinat de trois sœurs religieuses d’origine italienne au mois de septembre 2014, dans un couvent de Kamenge, un quartier populaire du Nord de la capitale burundaise.

Le patron de la RPA doit répondre, entre autres, de n’avoir pas coopéré avec la justice en lui livrant les éléments en sa possession sur les présumés auteurs et commanditaires du triple assassinat au mobile aujourd’hui encore inconnu.

Le Conseil national de la communication (CNC) avait, lui aussi, émis une convocation pour que Bob Rugurika aille s’expliquer, mercredi, suite à une plainte d’un autre mis en cause dans le dossier d’assassinat des sœurs italiennes.

Les responsables et journalistes de la radio d’investigation sont des habitués de la prison centrale de Bujumbura, notamment quand il a été question de révélations fracassantes sur les commanditaires et exécutants du meurtre de Kassi Manlan, un ressortissant ivoirien qui était, à l’époque des faits, en 2001, le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Burundi.

Des journalistes de la RPA ont été encore embastillés au moment où ils enquêtaient sur un «faux coup d’Etat» qui a valu la prison, en 2006, à l’ancien président de la République, Domitien Ndayizeye et son ex-adjoint, Alphonse Marie Kadege.

C’est aussi l’audace de cette radio des «Sans voix» qui fait qu’aux grandes heures d’écoute des nouvelles de la mi-journée, elle soit suivie régulièrement par plus de 2 millions d’auditeurs, soit loin devant les autres radios publiques et privées de la place, selon des enquêtes d’audimat au Burundi.

Mardi encore, une foule de sympathisants a accompagné le matin, le directeur de la RPA au tribunal, puis jusqu’aux portes de la prison, en fin d’après-midi, en criant "nous sommes tous des Bob Rugurika".