2ème anniversaire du sinistre qui a ravagé le grand marché de Bujumbura
Economie

PANA, 30 janvier 2015

Des restes toujours encombrants deux ans après l’incendie à l’ancien Marché central de Bujumbura

 Bujumbura, Burundi  - Les restes du Grand marché de Bujumbura sont toujours entassés au même endroit, deux ans après le sinistre qui a complètement ravagé et mis par terre ce qui passait, il y a quelque temps encore, pour le poumon économique du pays avant de se transformer en une source majeure de pollution et de danger sur la santé publique des gens.

S'agissant du film du triste évènement, les portes de l’ancien 'temple des affaires' étaient encore closes en ce petit matin dominical du 27 janvier 2013, quand le feu et la fumée sont venus subitement, comme poussés par une force surnaturelle, assombrir les horizons de toute une ville encore endormie.

Des explosions assourdissantes sortaient également des entrailles de l’ancien Marché central de Bujumbura où se côtoyaient marchands de légumes, ceux des aliments secs, de liqueurs, de parfums, d’habits, d’électroménager, mais aussi des cordonniers, des repasseurs de vêtements avec comme source d’énergie, le charbon de bois.

C’est sur ces derniers que les regards avaient été d’ailleurs orientés par les premiers éléments d’enquête en ce qui était de l’origine supposée du sinistre, pendant que d’autres spéculations non encore éteintes continuent à accréditer la thèse d’un incendie d’origine criminelle.

D’autres enquêtes plus officielles du Parquet général de la République ont conclu sur un incendie d’origine accidentelle, en se fondant sur le fait que le sinistre est parti d’un « court-circuit » au niveau d’une batterie qui était branchée à des appareils de musique dont se servait un commerçant pour enregistrer des Cd et Dvd.

La commission judiciaire d’enquête a encore relevé une gestion anarchique du Marché central où toutes les allées avaient été bouchées par des stands sauvages qui étaient octroyés de manière frauduleuse par les responsables de la Société de gestion du marché central (Sogemac) et ceux de la mairie de Bujumbura.

Des conduits d'eau qui alimentaient en eau le marché avaient été également bouchés par des stands frauduleusement construits.

Cette gestion anarchique avait valu des arrestations et emprisonnements de l’ancien directeur général de la Sogemac, Cyprien Horugavye et de l'ex-maire de la ville de Bujumbura, Evrard Giswaswa, pour négligence.

Les enquêtes ont encore mis en cause la police de protection civile qui n’avait pas été à la hauteur en ne dépêchant pas à temps de camions anti-incendie sur le lieu du sinistre.

Le deuxième anniversaire de ce sinistre aux dégâts non encore réparés a été rendu encore triste par la décapitation d’un enfant de la rue qui tentait de voler de la ferraille calcinée à l’ancien Marché central de Bujumbura pour les besoins de sa survie.

Les plus pauvres de la ville ne désespèrent pas de trouver quelque chose à revendre et se risquent souvent à l’intérieur des ruines de l’ancien Marché central de Bujumbura au péril de leurs vies.

Le temps s’est, par contre, figé pour les milliers de grands et petits commerçants qui attendent toujours d’être relogés pour reprendre une vie socio-professionnelle nouvelle.

La construction d’un nouveau marché central, plus à la périphérie nord de la ville de Bujumbura, n’a toujours pas été achevée.

Entre-temps, les anciens du marché central sont partis en débandade, certains ayant préféré retourner au village, d’autres sont morts de chagrin et de misère, selon le président du syndicat des commerçants du Burundi, Audace Bizabishaka.

Sur le plan économique global, le Sygeco parle encore de plus du cinquième des richesses du pays qui est parti en fumée suite au sinistre qui a ravagé l’ancien Marché central de Bujumbura.

Les habitués des lieux ne veulent pas non plus faire le deuil et c’est ainsi qu’on trouve encore une armée de femmes qui étalent par terre, aux pieds des ruines de l'ancien marché central, toutes sortes de commerce.

La municipalité de Bujumbura est également parmi les résignés face aux conséquences aujourd’hui encore visibles du sinistre.

Dans un premier temps, elle avait fait déguerpir les usagers de la gare routière attenante à l’ancien marché et faute d’un lieu approprié, la municipalité a autorisé à nouveau l’exploitation de la gare du marché central qui passe pour le plus grand du pays à l’air libre.

Le gouvernement, quant à lui, a annoncé l’année dernière, un projet de construction d’un grand complexe socio-économique, «aux normes internationales» sur les ruines de l’ancien Marché central de Bujumbura.