Bujumbura noire de monde pour accueillir Bob Rugurika sorti de prison
Société

@rib News, 19/02/2015 – Source AFP

 Les rues de Bujumbura étaient noires de monde sur plusieurs kilomètres jeudi pour accueillir le directeur de la très populaire radio privée RPA tout juste sorti de prison, un élan populaire inédit depuis longtemps dans la capitale du Burundi.

Aucun décompte officiel du nombre de personnes venues chanter et danser leur joie n'était disponible, mais le rassemblement compte sans doute des dizaines de milliers de personnes, selon les temoins sur place. [Photo : dans le centre-ville de Bujumbura, ce jeudi matin]

"J'ai 50 ans et jamais je n'ai vu une telle foule dans la rue", a expliqué Fabien, un enseignant. Dans son souvenir, le seul événement à avoir déclenché une liesse d'une importance comparable fut l'arrivée au pouvoir en 1993 de Melchior Ndadaye, premier président élu du pays. Mais selon lui, même alors, la foule était moins nombreuse.

La Cour d'appel de Bujumbura a ordonné mercredi la libération sous caution du directeur de la RPA (Radio publique africaine) Bob Rugurika, inculpé de complicité d'assassinat de trois religieuses italiennes et incarcéré depuis janvier.

La RPA, réputée proche de l'opposition, est la radio la plus populaire au Burundi. Et l'arrestation de son directeur avait déclenché de vives protestations au sein de l'opposition, de la société civile burundaise, de la communauté internationale et d'organismes de défense des droits de l'Homme.

La justice reproche au journaliste la diffusion des aveux d'un homme qui se présente comme l'un des assassins de trois religieuses italiennes de 75, 79 et 83 ans, tuées en septembre à Kamenge, dans le nord de Bujumbura. Cet homme met en cause de hauts responsables des services secrets burundais dans ces meurtres, sans expliquer leurs éventuels mobiles.

Cette version prend le contre-pied de celle de la justice burundaise, qui a arrêté un jeune homme dans le quartier de Kamenge peu après les faits. Celui-ci, qui passe pour un déséquilibré, est accusé d'être le seul responsable de ce triple meurtre et a été écroué.

La manifestation monstre de soutien au journaliste intervient alors que le Burundi tient en mai et juin des élections législatives, communales et présidentielle clés, à l'approche desquelles la tension ne cesse de croître, dans un pays à l'histoire marquée par les violences politico-ethniques.

Le pouvoir du président Pierre Nkurunziza, soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat inconstitutionnel selon l'opposition, est de plus en plus accusé de restreindre l'espace politique et de chercher à museler les médias.