Burundi: des milliers de manifestants saluent la libération du directeur de la RPA
Société

@rib News, 18/02/2015 – Source AFP

Des milliers de personnes ont afflué mercredi devant le siège de la très populaire radio privée RPA à Bujumbura, pour manifester leur joie à l'annonce de la libération sous caution de son directeur, emprisonné depuis janvier. Une manifestation d'une telle ampleur ne s'était plus vue dans la capitale burundaise depuis des années.

En pointe dans la dénonciation des inégalités sociales, du harcèlement politique ou encore des abus de l'administration et des forces de l'ordre, la Radio publique africaine (RPA) donne régulièrement la parole aux Burundais qui s'estiment victimes de discriminations ou d'injustice. Elle est surnommée "La radio des sans-voix".

La justice burundaise a accordé mercredi la liberté sous caution à son directeur, Bob Rugurika, inculpé depuis janvier de "complicité d'assassinat" de trois religieuses italiennes.

La justice reproche au journaliste la diffusion des aveux d'un homme qui se présente comme l'un des assassins des trois soeurs de 75, 79 et 83 ans, tuées en septembre à Kamenge, dans le nord de Bujumbura. Cet homme met en cause de hauts responsables des services de renseignements burundais.

Mercredi, les manifestants, qui chantaient et dansaient, comptaient dans leurs rangs de nombreux jeunes gens de condition modeste.

"Nous sommes ici pour montrer notre joie, vous ne pouvez pas comprendre, car la RPA est le seul protecteur de pauvres gens comme nous les taxis-vélos, les domestiques de maison", a expliqué Pierre, un jeune homme d’une vingtaine d’années.

Un autre manifestant, Jean de Dieu Kazungu, trentenaire, n'a pas hésité à interrompre le deuil d'un membre de sa famille pour venir exprimer sa "joie" et "fêter la libération de Bob Rugurika". Au Burundi, le deuil d'un parent dure généralement toute une semaine, au cours de laquelle on ne sort pas de chez soi.

"La RPA est aujourd’hui notre parent à nous tous", a-t-il expliqué, estimant que seule la RPA est aujourd'hui capable de faire éclater "au grand jour" la vérité dans cette affaire de triple assassinat.

Un peu plus loin, un groupe de vendeuses ambulantes de fruits, harcelées pendant des mois par la police et qui disent s'en être sortie grâce au soutien de la radio, dansent et chantent.

"Nous sommes ici pour attendre le retour du directeur de la RPA car nous l’aimons, nous le soutenons: sa radio se bat pour la liberté de tout le Burundi", a expliqué l'une d'entre elles.