L'ONG ASF s'inquiète de la surpopulation carcérale au Burundi
Droits de l'Homme

PANA, 28/08/2009

Bujumbura, Burundi - Une ONG de défense des droits des prisonniers, Avocats sans frontière (ASF), a suggéré, vendredi, une série d'actions à entreprendre, à court, moyen et long termes, en faveur de certaines catégories de détenus pour désengorger les prisons du Burundi.

Les 11 prisons du pays seraient actuellement peuplées par près de 10.400 détenus pour une capacité d'accueil installée ne dépassant pas normalement 5.000 places, a fait savoir le représentant résident de ASF, Lutter Yameogo lors d'un atelier de restitution des résultats d'une récente enquête de son organisation sur la situation carcérale réelle au Burundi.

L'enquête révèle, par ailleurs, que 63% des prisonniers recensés se trouvent en situation préventive.

Pour désengorger quelque peu les établissements pénitentiaires et mieux se conformer aux droits des prisonniers, le représentant de ASF suggère des actions immédiates, comme l'élargissement des mineurs de moins de cinq ans ou encore la remise en liberté des personnes qui encourent une peine n'excédant pas 5 ans et qui ont déjà purgé 12 mois de détention.

La justice burundaise devrait également veiller à ce que des personnes ayant déjà purgé entièrement leurs peines ne restent pas longtemps encore en prison comme c'est parfois le cas, recommande-t- on toujours du côté de ASF.

Le directeur général des Affaires pénitentiaires au Burundi, Déogratias Suzuguye a, de son côté, soulevé le problème de la surpopulation carcérale en termes de conséquences fâcheuses découlant de phénomènes comme la fréquence des évasions.

Les lenteurs judiciaires, la vétusté des maisons d'arrêt, la négligence ou le manque de formation des gardiens sont autant d'autres facteurs explicatifs de la surpopulation et la perméabilité des prisons du Burundi, a-t-il enchaîné.

La dernière évasion spectaculaire en date, qui fait couler aujourd'hui encore beaucoup d'encre et de salive dans le pays, a eu lieu le 25 août dernier dans une prison de Ruyigi, une province de l'est du Burundi où 14 détenus se sont fait la belle au nez et à la barbe des policiers chargés de la surveillance des lieux.

Les personnes évadées faisaient partie d'un groupe de détenus poursuivis pour leur rôle présumé dans une série de meurtres d'albinos à des fins de sorcellerie au Burundi.

Un seul d'entre eux a pour le moment été récupéré et souffre de blessures par balles, a-t-on appris de diverses sources concordantes.