Félix Ndayisenga, l’Ambassadeur du Burundi à Bruxelles sur le départ
Diplomatie

@rib News, 12/03/2015

L’information diffusée fin février dernier avait vite fait le tour de la diaspora : Félix Ndayisenga (photo), l’Ambassadeur du Burundi auprès de la Belgique et de l’Union Européenne, a été rappelé de son poste pour regagner le Burundi, sans être arrivé en fin de mission.

Du coté du ministère burundais des Affaires étrangères, rien n’a jusqu’ici filtré pour expliquer cette mesure qui intrigue et continue d’alimenter les discussions au sein de l’opinion. En effet, elle est intervenue à quelques mois des élections générales au pays, et surtout dans le sillage d’une véritable purge en cours au sein du parti présidentiel.

C’est du reste les derniers limogeages au sein de l'appareil de l'Etat qui constituent l’intrigue de l’histoire, en l’absence d’une version officielle. Pourquoi une telle mesure qui ressemble à un limogeage ? A moins que l’Ambassadeur Ndayisenga ne soit juste que relevé de ses fonctions actuelles en vue d’une nomination sur place.

Du coté du pouvoir, on laisse entendre que cette histoire de limogeage n’est que des fausses rumeurs savamment distillées par l’opposition politique pour déstabiliser le régime. Mais l’absence d’une explication officielle a laissé le champ libre à toutes sortes de spéculations.

En effet, aussitôt l’information connue, la rumeur a enflé dans la capitale européenne et plusieurs versions des faits ont été avancées, ici et là, sur les raisons de ce "rappel". La plus répandue, c’est que l’Ambassadeur Ndayisenga aurait été incapable d’endiguer l’activisme de l’opposition radicale burundaise auprès de l’Union européenne.

D’autres avancent plutôt que le chef de la représentation diplomatique burundaise à Bruxelles aurait été "victime" de son esprit d’ouverture vers l’ensemble des Burundais vivant dans sa zone d’accréditation. Ses multiples sorties dans plusieurs villes de Belgique à la rencontre des membres de la communauté burundaise sans distinction, y compris les opposants, n’ont pas été bien appréciées à leur juste valeur. Des sources contactées à Bruxelles auprès des militants du parti CNDD-FDD nous ont fait savoir que ces initiatives de l’Ambassadeur Ndayisenga n’étaient pas du goût des faucons du parti au pouvoir qui confondent les choses de l’Etat avec les choses du parti.

Selon d’autres informations recueillies à Bujumbura auprès des sources proches du chef de l’Etat, l’Ambassadeur Ndayisenga serait une victime collatérale de la purge actuelle. Aujourd’hui, un simple incident rapporté au Chef de l’Etat suffit pour tomber en disgrâce. Dans son cas précis, il paierait son absence à une conférence organisée au Parlement européen à Bruxelles, en novembre 2014, sur les « Enjeux sécuritaires et électoraux dans la région des Grands Lacs africains », au cours de laquelle la société civile burundaise, invitée à s’exprimer, avait tiré à boulets rouges sur le régime de Bujumbura et les prétentions du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat.

Il convient de relever que selon nos sources, depuis ce jour une campagne de dénigrement à l’encontre de l’Ambassadeur Ndayisenga au sein du CNDD-FDD aurait même été initiée à partir de la section du parti en Belgique, qui estimait que son éventuelle présence à cette Conférence aurait pu changer quelque chose. Certains parmi les Bagumyabanga de Belgique estimant pouvoir faire mieux au niveau d’un lobbying diplomatique.

De toute évidence donc, l’Ambassadeur Félix Ndayisenga était depuis quelques mois pressenti à d’autres fonctions, son nom a en effet été cité à plusieurs reprises pour une entrée au Gouvernement, ce qui ne plaisait apparemment pas à tout le monde. Il semblerait donc que certains, dans l’entourage du Chef de l’Etat, aient fortement appuyé sur la pédale de frein et obtenu son éviction avant l’heure.

Selon certains observateurs, au vu des derniers développements politiques en cours au Burundi, la décision de sa mise à l’écart pourrait finalement s’avérer être un mal pour un bien pour la suite de sa carrière. En attendant, les Burundais de Belgique et des alentours s’interrogent et espèrent certainement une version plus officielle, ce qui clarifierait les choses. [MG]