Rwanda : Kagame règle ses comptes avec les anciens proches du pouvoir
Afrique

RFI, 17-03-2015

Rwanda : un ancien officier de nouveau inquiété par la justice

 Le capitaine rwandais en retraite David Kabuye (photo), qui venait à peine de purger une peine de six mois de prison pour détention illégale d'arme à feu avant d'être une nouvelle fois arrêté, a été officiellement inculpé lundi à Kigali pour «incitation au soulèvement» et «diffamation». Ce dernier a plaidé non coupable et dénonce ces accusations qui ne seraient que des représailles.

Le parquet dit se baser sur des témoignages de codétenus de David Kabuye. Selon le procureur, lors de sa précédente détention dans une prison de Kigali, le capitaine en retraite aurait affirmé que les cadavres retrouvés flottant en août dernier au Burundi dans le lac Rweru, et dont l'origine est toujours un mystère, « étaient des personnes enlevées au Rwanda et en Ouganda ».

On l'accuse également d'avoir dit que le président Paul Kagame « se débarrassait » des personnalités l'ayant aidé à prendre le pouvoir en 1994 et que ce dernier allait « perdre sa nation ». Toujours selon des témoignages, monsieur Kabuye aurait soutenu le documentaire controversé de la BBC sur le génocide qui multiplie les critiques contre le président Kagame et qualifié par ce dernier de « négationniste ».

A la barre, l'accusé, la barbe de quelques jours mal taillée, est volubile. Il s'explique en faisant de grands gestes. Pour lui, ces accusations ne seraient que représailles, car il s'apprêtait à publier un rapport dénonçant la « corruption » et le « trafic » dans la prison dans laquelle il était détenu. Des propos que confirme maître Vincent Ndikumana, l'avocat de David Kabuye : « C’est une question de vengeance, car il a fait un rapport prouvant et montrant qu’il y avait une défaillance notoire au niveau de la prison de Kigali. Nous disons et affirmons haut et fort que notre client est innocent ».

David Kabuye avait été arrêté une première fois en août dernier en même temps que deux hauts gradés anciennement proches du régime. Ces arrestations coup sur coup avaient d'ailleurs soulevé de nombreuses questions. Les observateurs avaient évoqué diverses hypothèses : fébrilité du régime, complot déjoué ou remise au pas de fortes têtes.