46 ans d’indépendance politique, une vraie claque pour les Barundi
Opinion

The Burundi development initiatives - 2 juil. 2008

Ce 01 juillet 2008, les Barundi, qui et où qu’ils soient ont célébré 46 ans d’indépendance de leur pays. Nul besoin de revenir sur cette fatidique journée du 01 juillet 1962, quand des Barundi, de vrais Bashingantahe ceux-là (à ne pas confondre avec le groupe de l’Abbé Adrien Ntabona) ont hissé les couleurs du drapeau national et fait descendre le drapeau belge. C’était de la joie, véritable celle-là. Il y a eu des détracteurs de cette action héroïque, mais tous étaient Barundi, bien que chacun y allait de ses propres intérêts. Cela n’a pas pourtant empêché, au leader le Prince Louis Rwagasore, héros incontesté et incontestable de l’Indépendance du Ruanda-Urundi de réunir tous les Barundi dans un discours à la Martin Luther King (I have a dream), « Ntihatsinze umugambwe,…hatsinze abarundi. » (Rwagasore).

46 ans après ce combat de braves, chaque Burundais peut faire un bilan. L’homme blanc n’est plus celui qui dirige le Burundi. De Michel Micombero à l’Honorable SE Pierre Nkurunziza en passant par l’homme du 03 septembre 1987 (Pierre Buyoya), les Barundi ont eu à habiter un pays dirigé par des hommes modernes, faiseurs de pluie et de bons temps, mais aussi faiseurs de guerre. La guerre contre le blanc a fait ses victimes, celles de ces 46 ans d’indépendance ont endeuillé le pays et poussé des filles et fils de ce pays à l’exil forcé. Pour un bon analyste, il serait idiot de mettre les erreurs des dirigeants post-indépendance à la tête et l’épaule du seul blanc.

Parenthèse ouverte pour le Zimbabwe. Seul le président Mugabe du Zimbabwe fait porter encore les déboires de son régime à la tête du blanc. Un taux d’inflation de 200 000 %, un pouvoir qui tue, mutile, viole, exile sa population, c’est la faute de l’Angleterre, … Parenthèse fermée pour le Zimbabwe.

A en croire certains propos entendus à Bujumbura, nombreux sont ceux qui seraient favorables à l’avènement du blanc pour re-coloniser le pays. Certains même ironisent en disant qu’il faudrait vendre le pays et donner une part à chacun, quitte à quitter ce pays pour se réfugier ailleurs. On aurait tort de donner raison à ces sceptiques, malgré la mauvaise configuration sociopolitique actuelle. Certes, le pays fait face à de nombreux défis qu’il serait difficile, voir impossible d’énumérer tous : la famine (malgré une bonne pluviosité, une vaste plaine de l’Imbo, des marais, une bonne générosité de la Libye qui octroie des tracteurs pour pouvoir relever le stade de l’agriculture,…etc.), le chômage qui frappe surtout de jeunes diplômés des Universités et dont le gouvernement ignore les statistiques, la guerre qui oppose des fils et filles d’une même nation, les problèmes de l’habitat pour certains, la pauvreté qui frappe une couche de la population (ici la courbe de concentration des revenus de GINI serait proche seulement de 5% de la population qui concentrent tous les revenus du pays, alors que 95% sombrent dans la pauvreté sans nom), la corruption, l’absence d’un appareil judiciaire performant, l’insécurité (liée à la guerre). Les maux dont souffre le peuple burundais sont innombrables.

Ce qui est fort étonnant, c’est qu’une infime minorité de dirigeants corrompus et corrupteurs, insensés, irresponsables, sans vision de l’avenir et dépouillés de leadership continuent à amasser, voler, piller les ressources de tout un peuple. Tellement le gâteau est devenu trop petit que leur appétit les conduit à manger des hommes. Il y a alors lieu de se poser certaines questions qui appellent à tort, la métaphysique, puisque le système judiciaire burundais n’a pas encore trouvé des solutions à ces énigmes :

- Pourquoi Rwagasore, Ndadaye, Ngendandumwe, … etc. ont-ils été tués ? Par qui ?

- Pourquoi le représentant Onusien Zuniga, le nonce apostolique , le fonctionnaire onusien Kassy Manlan,…etc. ont-ils été tué ? Par qui ?

- Pourquoi les Burundais continuent-ils de mourir, dans leurs maisons, sur leurs collines, dans leur pays ?

- Pourquoi plus d’une vingtaine de prisonniers ont-ils été assassinés, à Muyinga, puis jetés dans une rivière, percés deux à deux comme s’ils étaient des brochettes humaines ?

- Pourquoi un homme d’affaires de surnom Brown a-t-il été assassiné, dans sa parcelle ?

- Pourquoi, pourquoi ?

- Pourquoi tant d’injustices des Barundi envers les Barundi ?

- Qu’en est-il advenu des pillages et détournements à grande échelle ? de ces hélico achetés et qui n’ont effectué aucun vol, de cet avion devenu encombrant qu’est le Falcon 50, de ce désordre dans le secteur pétrolier, …etc ?

En soulevant une vague de telle questions, on se sent envahi par une nausée, un goût de rien. Et on est tenté de mettre en doute cette indépendance, célébrée en grande pompe le 01 juillet de chaque année. Ceux qui étaient dans les tribunes d’honneur, loin du soleil accablant et de la chaleur et qui liront cette opinion pourront peut être s’interroger. En attendant le jour où nous célébrerons l’indépendance sans inégalités sociales, sans distinction de partis, sans distinction d’ethnies, sans….etc, mais en mettant en avant la vraie valeur de chaque personne, la contribution de chaque Burundais, il est loisible de demander aux dirigeants actuels et futurs de :

- respecter les droits à la vie de chaque Burundais, de chaque étranger qui vit au Burundi,

- réduire la pauvreté, le chômage, l’analphabétisme, l’ignorance, la maladie,

- supprimer les violences faites aux filles et femmes du Burundi,

- réduire les inégalités sociales et donner espoir à de nombreux Burundais locataires qui n’ont pas de logements et qui sont continuellement ballottés par leurs bailleurs,

- créer des conditions d’un démarrage économique propice à tous les Burundais, toutes les provinces, toutes les communes et collines du Burundi.
- bannir la corruption, l’injustice, etc.

C’est à ce prix, seulement à ce prix que l’indépendance sera digne d’être célébrée et que tous les Burundais se sentiront unis, dans et par elle et chanteront l’hymne du pays,….let’s have a dream, et soyons tous des « ba Rwagasore » pour paraphraser le discours du Président de la République de ce 01/07/2008.

« Les hommes politiques burundais se sont constitués en une internationale de voleurs travaillant sous le signe de Dieu et du peuple ». Voilà la véritable démocratie qu’ils ne cessent de scander. Si le peuple ne prend pas garde et se métamorphose en « ba Rwagasore », Mugabe n’est pas si loin du Burundi.