Burundi : trêve des manifestations, annonce d'un nouveau décès vendredi
Sécurité

@rib News, 09/05/2015 – Source AFP

Des dirigeants du mouvement de contestation à un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza ont profité samedi d'une trêve des manifestations pour se rendre dans un quartier de Bujumbura théâtre la veille d'affrontements avec la police qui ont fait, selon des témoins, au moins un mort.

Vendredi soir un important dispositif policier était entré dans Nyakabiga pour y démanteler les nombreuses barricades hérissant le quartier. Des heurts ont éclaté au cours desquels au moins un manifestant a été tué et plusieurs blessés, selon plusieurs témoins. La Croix-Rouge burundaise s'est refusée à confirmer ou infirmer ce bilan.

Ces violences policières ne doivent pas nous décourager ils doivent plutôt nous pousser à agir avec encore plus de force pour sauver notre pays, a déclaré devant environ 200 personnes Chauvineau Mugwengezo, président de l'UPD, un petit parti hutu d'opposition.

Il était accompagné de responsables d'autres partis et d'organisations de la société civile dans les rues du quartier où les barricades démantelées la veille par la police avaient été reconstruites, ont constaté des journalistes.

Le Collectif contre un 3e mandat du président Pierre Nkurunziza avait annoncé vendredi une trêve des manifestations d'une journée pour permettre à la population de s'approvisionner mais aussi d'enterrer nos morts de la semaine.

Une vingtaine de personnes ont été tuées depuis le début du mouvement le 26 avril.

Les manifestations reprendront dimanche, avec plus de vigueur après le dépôt de la candidature du président, avait affirmé Pacifique Nininahazwe, un des dirigeants du Collectif.

Samedi, M. Mugwengezo a parallèlement condamné les lynchages, jeudi à Cibitoke, un autre quartier de la capitale, et Nyakabiga, de deux présumés Imbonerakure - les militants de la Ligue de jeunesse du parti présidentiel Cndd-FDD, accusés d'intimidations et d'exactions contre les opposants au président Nkurunziza.

Soyez vigilants, veillez à votre sécurité, mais attention, on ne vous appelle pas à tuer, à faire mal aux gens. (...) Notre objectif ce sont des manifestations pacifiques, a-t-il poursuivi, demandant que les suspects de violences qui tomberaient aux mains de manifestants soient remis à l'armée.

Après le lynchage de Nyakabiga, quatre ministres burundais s'étaient immédiatement rendus sur les lieux pour dénoncer une barbarie.

Depuis hier, aucun ministre n'est venu à Nyakabiga, s'est insurgé Jean-Claude, 25 ans, un manifestant du quartier.

Dans les quartiers les plus touchés par les manifestations, la population s'efforçait samedi d'assurer un approvisionnement de base très perturbé depuis le début de la contestation.

Le président burundais a officiellement déposé vendredi sa candidature à la présidentielle du 26 juin, sourd à la protestation de la rue et à la pression internationale croissante pour qu'il renonce à un troisième mandat, jugé inconstitutionnel par ses adversaires.

Il a promis que les manifestations devenues, selon lui, une insurrection, seraient maîtrisées d'ici peu. Les élections vont bien se dérouler, a-t-il aussi assuré.