Alexis Sinduhije appelle à instaurer une pensée politique au Burundi
Politique

@rib News, 12/05/2015

A quand la pensée Politique au Burundi ?

Par Alexis Sinduhije.

Non, non, non…STOP !  

De toute Urgence, il faut s’éveiller à l’intelligence.

Ce qui se passe au Burundi en ce mois de mai  2015 n’a rien d’un événement politique. Ce qui est en jeu, comme la communauté internationale semble le percevoir, ne comporte rien d’une quelconque réflexion ou ambition pour le pays. Il s’agit tout simplement de la confiscation du pouvoir par un homme. Une spoliation en réalité. Qui n’a pu se bâtir qu’avec la mainmise d’un système aux affaires depuis dix ans sur le fondement de la démocratie : le débat public.

De biens grands mots pour décrire une situation aussi tragique qu’attendue, car une fois encore le cycle d’une élection de la sous-région s’abime dans le narcissisme délirant d’un président prêt à entrainer dans son obstination l’ensemble d’une population. 

Cependant, cette espèce d’emballement morbide autour du pouvoir révèle avec cruauté combien les dirigeants du pays se sont obstinés à saper le fondement du développement national, pour parvenir à détruire l’intelligence, à étouffer la pensée. 

Arusha et sa démocratie devaient être l’aube de notre modernité, de notre sérénité, soit la capacité de régler par le seul débat les questions qui importent chaque citoyen burundais,  la paix, la liberté, l‘égalité, la prospérité. Hélas, les maudits apothicaires à la tête de l’état se sont évertués à éradiquer toute réflexion : les faits sont là, en 2015 notre pays est toujours incapable de produire une pensée politique.

Alors qu’il s’agirait de s’affronter autour d’une vision d’avenir de la Nation, alors que le moment électoral devrait nous voir exposer nos projets concrets, alors que nous devrions parler de l’économie agricole, de l’énergie, de l’éducation, de la fiscalité, de justice, à coup de programmes, d’expertises, d’un vrai travail politique exprimé dans la certitude que penser ,imaginer et rêver pour le Burundi ne puisse jamais vous conduire en prison, voici donc ce que nous offre la triste obstination de notre dirigeant : la répétition d’un drame fait de sang et de larmes. Pourquoi ici, des jeunes doivent-ils mourir pour leurs idées et leurs mamans les pleurer toute une vie ? Aucun mot, aucun discours, aucun ordre, ne peut excuser cela. Désormais en lieu et place d’un programme électoral ce sera du sang qui coulera de votre bouche, vous les officiers ministre et présidents qui tiennent à ce point à votre pouvoir de kalachnikovs…

Comprenez-vous M. Nkurunziza que vous menez le pays dans un mur ?

Et les autres ? Ceux qui espèrent tirer une miette du gâteau rassis que serait prêt à nous resservir le Cndd-fdd et ses Imbonerakure….: votre compromission à un pouvoir qui opprime l’intelligence achève de vous discréditer ! Du balai ! Le sérail que l’on dit « politique » de Bujumbura se drape une fois de plus dans son étole de sang pour masquer l’absolue transparence de sa raison.

OUI, oui, oui… je veux pouvoir parler de mes rêves pour le pays et des moyens réalistes qui pourraient faire de la Nation un Eden africain… Nous avons une force, nous avons des atouts…

Alors comment en 2015, peut-on expliquer que notre terre si riche laisse encore mourir de faim certains d’entre nous ? Comment peut-on justifier qu’en lieu et place de progrès pour l’éducation, pour les transports, pour la santé, pour le commerce, le seul discours du pays soit celui des fusils …

« Vous vaincrez, mais vous ne convaincrez pas ! »

Cette phrase du philosophe Miguel de Unamuno devant Franco Illustre parfaitement l’enjeu de la situation chez nous au Burundi, et je la retourne à M. Nkurunziza.

Quel regard pensez-vous que l‘Histoire portera dans 50 ans sur cette élection d’ores et déjà ratée ? Sans aucun doute, les livres témoigneront qu’une fois encore la brutalité avait emporté le mince espoir d’un éveil de la Nation. Pourtant, la vérité est toute proche… car il existe parmi nous de vrais patriotes, ceux qui savent que plus que tout l’atout de notre pays c’est sa jeunesse, son éducation. C’est avec eux que nous devons construire une nouvelle phase, strictement  et réellement politique, faite d’idées, d’imagination et  d’un rejet absolu de toute violence. Il existe un mot  pour réunir ces principes : le progrès.

Nous ne voulons de mal à personne. Partez simplement, vous les dirigeants de malheur. Votre vie sera toujours meilleure que celle que vous offrez aux paysans de nos collines.

Et en libérant le droit à la pensée politique vous ferez un cadeau immense au Burundi, qui vous vaudra peut être enfin  une peu de reconnaissance aux yeux de l’histoire.

Alexis Sinduhije.