Burundi : les manifestations arrivent au coeur de Bujumbura
Politique

@rib News, 13/05/2015 – Source AFP

La police a utilisé mercredi des gaz lacrymogènes et quelques tirs de sommation pour disperser quelque 300 manifestants opposés à un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza, rassemblés au coeur de la capitale Bujumbura, a-t-on constaté sur place.

C'est la première fois depuis le début de la contestation, le 26 avril, qu'un groupe de manifestants parvient à se rassembler en nombre sur la place de l'Indépendance, en plein centre-ville.

Le président Pierre Nkurunziza est mercredi à Dar es Salaam, en Tanzanie, pour participer à un sommet des chefs d'Etat de la Communauté est-africaine (EAC: Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda, Tanzanie) consacré à la crise burundaise.

Les protestataires dispersés, en majorité des femmes, continuaient à la mi-journée de jouer au chat et à la souris avec la police autour de la place de l'Indépendance. Un canon à eau est intervenu et des grenades lacrymogènes ont été lancées, notamment au milieu d'un groupe de femmes, pour tenter de les repousser, sans succès.

Une barricade, faite d'arbres et de pneus enflammés, a été érigée pour la première fois dans le centre-ville, sur un axe majeur rejoignant le nord de la capitale. Des détonations étaient entendues dans toute la capitale, sans que l'on sache s'il s'agissait de tirs de sommation ou sur les manifestants, à blanc ou à balles réelles.

Près de la place de l'Indépendance, les manifestants étaient pacifiques et aucun projectile n'a été lancé contre la police qui, toute la matinée, avait tenté d'empêcher des petits groupes de rassembler dans le centre.

Depuis le 26 avril, la police bloque les protestataires dans les quartiers périphériques de la capitale pour les empêcher de converger vers le centre de Bujumbura.

Mercredi matin, une centaine de femmes, dont des jeunes filles, s'était rassemblées pour un sit-in dans le centre de la capitale mais avaient été rapidement dispersées à coups de gaz lacrymogènes. Quelques centaines de jeunes avaient également été dispersés, à coups de gaz lacrymogènes et de tirs de sommation, alors qu'ils arrivaient à 50 mètres environ d'un des axes majeurs de la ville menant à la présidence.

La police a aussi empêché toute la matinée tout regroupement près de l'ancien marché central de la capitale, vers lequel tentaient de converger des petits groupes, et interdit la circulation des piétons sur plusieurs grands axes du centre.

Selon plusieurs témoins, la police fait face dans les quartiers périphériques de Musaga (au sud du centre-ville), Nyakabiga (nord-est) et Cibitoke (nord), hauts lieux de la contestation, à des groupes de très nombreux manifestants qui tentent de converger eux aussi vers le centre.

Dimanche, quelque 300 femmes étaient parvenues, au nez et à la barbe des forces de l'ordre, à défiler dans le centre-ville, portant pour la première fois la contestation au coeur de la capitale burundaise. Mais elles avaient été empêchées par la police de rejoindre la place de l'Indépendance, leur objectif. La manifestation, pacifique, s'était déroulée sans incident avant de se disperser volontairement.

Les autorités burundaises ont interdit toute manifestation depuis que M. Nkurunziza a été désigné candidat à la présidentielle du 26 juin par son parti, le Cndd-FDD.

Les adversaires de M. Nkurunziza, élu en 2005 et réélu en 2010, jugent un troisième mandat contraire à la Constitution et aux accords de réconciliation nationale d'Arusha, qui avaient ouvert la voie à la fin de la longue et récente guerre civile burundaise (1993-2006).