Burundi : audition de 18 personnes impliquées dans le putsch raté
Justice

@rib News, 16/05/2015 - Source ATS

Dix-huit personnes impliquées dans la tentative de coup d'Etat au Burundi ont été traduites samedi devant la justice, selon des proches des accusés. Les craintes de représailles étaient vives dans certains médias qui avaient diffusé les messages des putschistes.

Tout d'abord, dix-sept personnes ont été conduites au tribunal. Un dix-huitième homme, identifié par des témoins comme Juvénal Niyungeko, un officier supérieur, y a été escorté un peu plus tard, pieds nus et menotté.

S'exprimant sous le couvert de l'anonymat par peur de représailles, les proches de deux accusés ont dit à Reuters que les suspects portaient des blessures sur leur corps. L'un d'eux était devenu sourd d'une oreille après avoir été tabassé dans sa cellule.

Après l'échec d'une tentative de coup d'Etat, le président Pierre Nkurunziza était de retour au Burundi. Mais il n'était toujours pas apparu en public samedi.

Journalistes "planqués"

Le pouvoir est accusé de vouloir étouffer toute critique. Le patron de la très populaire radio privée RPA Bob Rugurika, a "dû se mettre à l'abri à l'étranger momentanément", selon un défenseur burundais des médias, Innocent Muhozi.

M. Rugurika est visé par des menaces d'emprisonnement et même de mort en provenance du camp Nkurunziza, affirme M. Muhozi. Plusieurs radios privées, dont la RPA ou Radio-Télé Renaissance, ont été attaquées par les forces loyales au président Nkurunziza pendant la tentative de coup. Elles avaient diffusé les messages des putschistes.

Selon M. Muhozi, le cas de M. Rugurika est extrême. Mais les patrons des deux autres grandes radios privées, Bonesha et Isangarino, sont aussi allés "se planquer".

Dans le collimateur du pouvoir

Sollicitée par l'AFP, la présidence burundaise n'a pas réagi à ces accusations. Accusés de soutenir l'opposition, les médias privés sont depuis des années dans le collimateur du pouvoir burundais.

Leurs relations avec le gouvernement s'étaient sérieusement détériorées depuis le début de manifestations d'opposition à un très controversé troisième mandat du président Nkurunziza. Elles se sont encore dégradées avec la tentative avortée de coup d'Etat lancée mercredi par le général Godefroid Niyombare.

Bujumbura revit

Dans les quartiers périphériques de Bujumbura, foyers de la contestation populaire des dernières semaines, les manifestants réfutaient tout "lien" avec les putschistes. Mais ils craignaient de faire les frais de leur débâcle.

Le centre de Bujumbura, qui vivait au ralenti depuis fin avril, était en revanche très animé samedi: les habitants profitaient de la fin des combats et de la levée des barricades pour s'approvisionner en nourriture, retirer de l'argent ou alimenter leurs comptes prépayés pour l'eau et l'électricité. Quelques dizaines de manifestants seulement tentaient difficilement de mobiliser la population.