L’absence de Nkurunziza aux obsèques des soldats tués en Somalie fait débat
Opinion

@rib News, 25/09/2009

NTA MWANA N'IKINONO

Je lisais récemment dans la presse un article d'un journaliste qui reprochait assez vivement au Président de la République d'avoir préféré enterrer les ouvriers de la permanence du CNDD-FDD, au lieu de participer aux obsèques des militaires victimes d'attentat en Somalie.

Je précise d'emblée que je n'ai pas l'honneur de connaître ni le Président de la République ni le journaliste en question et que donc aucun lien ne m'attache à ces hautes personnalités.

Mon intention n'est pas non plus de provoquer une polémique inutile, mais de livrer à ceux qui me feront l'honneur de me lire et, éventuellement de m'adresser leurs observations, ma pensée la plus intime.

Quand Monsieur le journaliste nous apprend que: « LE PRESIDENT A CHOISI DE CONSIDERER CES PERTES DE L'ARMEE ET DU PEUPLE BURUNDAIS AUSSI COMME UN NON EVENEMENT », j'avoue que j'ai du mal suivre la suite du discours et que c'est en toute simplicité et amitié pour l'auteur de l'article qui a pris si mal l'attitude du Président de la République que je me permets d'avancer quelques réflexions.

Tout d'abord, je sais et je crois que tout le monde est d'accord, y compris le Président de la République, que le Chef d'Etat est SEBARUNDI. A ce titre, il doit secours et protection à tous les Burundais indistinctement, du plus grand au plus humble d'entre nous. A ses yeux, comme à ceux de tous les Burundais, nous sommes tous égaux et en droit d'exiger de sa part sa sollicitude de tous les instants. Il ne peut, dès lors, sous peine de démériter, se dérober à cet impératif.

C'est pourquoi le Président de la République n'a pas considéré comme "UN NON EVENEMENT", la mort à Gitega des humbles ouvriers anonymes, car devant lui, comme devant nous tous, le plus petit d'entre nous est égal en valeur et en dignité au plus puissant burundais. Le geste fort du Président de la République qui se rend auprès des pauvres gens en deuil a voulu souligner cette vérité fondamentale.

Comme il n'est pas doué d'ubiquité, il a donné sa préférence aux plus humbles, aux abandonnés, aux anonymes, pour que leur trépas ne soit jamais dans nos mémoires "UN NON EVENEMENT", mais comme une grande perte qui mérite aussi recueillement et respect de la part du Président de la République, mais encore de tous les Burundais. Ce faisant, Le Président de la République peut revêtir également le titre de ses illustres devanciers : "RUTUNGABORO" (protecteurs des pauvres).

Certes, nous devons honorer nos militaires tombés en terre étrangère. Membres de l'armée, ils constituent un des Corps d'Etat sans lesquels le Burundi ne peut exister, les autres étant: l'administration, la société civile, le monde rural et religieux. Tous se valent à mon humble avis. Le diplomate assassiné à son poste à l'étranger, le médecin qui meurt contaminé par le virus de son patient, le mineur enseveli vivant dans une galerie souterraine, le paysan qui meurt à la tâche, tous disparaissent en service commandé comme leurs camarades militaires.

Je suis convaincu que le paysan qui a trimé et souffert sa vie durant, pour élever dans les larmes et les conditions précaires un rejeton, devenu avec le temps général dans l'armée, passera toujours avant celui-ci, en vertu de l'adage de nos ancêtres: "IGITUGU KIRAKURA NTI GISUMBA IZOSI".

Quand le Président de la Président de la République envoie une délégation des hautes autorités militaires et civils rendre les honneurs à nos héros morts en service commandé, nous ne pouvons qu'applaudir.

Mais lorsque le même Président de la République se déplace en personne vers Gitega pour s'incliner devant les dépouilles des " SANS NOMS " pour que leur mort soit aussi "UN EVENEMENT" national, il accomplit un acte sacré, noble, qui mérite le respect.

Bruxelles, le 25 septembre 2009

Muganwa Charles Baranyanka