Burundi : la police lie une attaque à la grenade aux manifestations
Sécurité

@rib News, 23/05/2015 – Source AFP

La police burundaise affirme samedi que les auteurs d'une attaque à la grenade ayant tué trois personnes, vendredi à Bujumbura, sont liés à la contestation contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, ce que les leaders de ce mouvement ont vigoureusement démenti.

La police a commencé immédiatement les enquêtes et a déjà mis la main sur une personne suspecte qui est en train d'être interrogée, a déclaré le porte-parole adjoint de la police, Pierre Nkurikiye.

Trois grenades ont été jetées au milieu de la foule vendredi soir en plein centre de Bujumbura. Trois personnes ont été tuées.

Les enquêtes vont déterminer le lien qui existerait entre les auteurs des attaques et les manifestations anti-troisième mandat qui secouent la capitale depuis quatre semaines, a-t-il ajouté.

Mais visiblement il s'agit d'une série d'actes de violence qui sont posés par les manifestants, a assuré le porte-parole.

Nous n'avons évidemment rien à voir avec ces attaques à la grenade, a réagi Vital Nshimiramana, leader du collectif de la société civile contre le troisième mandat.

La police cherche à nous diaboliser pour pouvoir justifier le fait qu'elle tire et tue des manifestants non armés, le fait qu'elle tire dans des quartiers où sont concentrés des femmes et des enfants, a-t-il ajouté. Nous demandons à la communauté internationale de diligenter des enquêtes crédibles, neutres, pour identifier les auteurs de ces crimes, car nous savons que nous n'avons rien à espérer de la police.

La milice Imbonerakure (ligue de jeunesse du parti CNDD-FDD au pouvoir), la police, la Documentation (services secrets) ou tout autre service du pouvoir pourraient en être les auteurs, ceci afin de justifier l'usage excessif de la force dans la répression des manifestations, selon M. Nhimirimana.

Cet incident - le premier du genre - aggrave encore un peu plus les très vives tensions dans la capitale, qui connaît depuis fin avril un vaste mouvement de contestation populaire contre le président Pierre Nkurunziza et sa candidature à un troisième mandat à l'élection présidentielle du 26 juin.

Des manifestations ont lieu quasi quotidiennement, émaillées de nombreux heurts avec la police, et sont sévèrement réprimées, avec près de 25 morts en quatre semaines. La police fait désormais un large usage de ses armes à feu pour disperser les manifestants.

Interrogé à ce propos, et notamment sur le fait que quasiment plus aucun policier n'est équipé de matériel de maintien de l'ordre (matraque, casque ou bouclier), le porte-parole a expliqué: on adapte l'équipement à la mission.

Quand il y a des émeutes, on utilise des équipements anti-émeutes. Les manifestants ont commencé par de simples jets de pierres, après ils ont utilisé des grenades et des fusils, maintenant ils en sont aux cocktails molotov, a avancé M. Nkurikiye.

Un bouclier ne protège pas contre les balles, nous utilisons donc un équipement approprié, a-t-il ajouté.

De nombreux journalistes de la presse internationale couvrent les manifestations depuis quatre semaines. Lors des affrontements, les jeunes lancent des pierres et autres projectiles contre la police, mais à ce jour aucun journaliste n'a été témoin de tirs contre des policiers, ni même de blessures par balles dans leurs rangs.

Honnie des protestataires, la police est accusée d'être aux ordres du pouvoir présidentiel, à la différence de l'armée, jugée plus neutre et qui joue souvent un rôle modérateur au cours des manifestations.