Nouvelles locales du mardi 09 juin 2015
Nouvelles locales

@rib News, 09/06/215

● Politique

 - Au cours de la présentation du nouveau calendrier électoral ce lundi, qui avait été boycotté par l’opposition et la société civile burundaises, le ministre de l’intérieur a annoncé que les membres de la CENI qui ont démissionné seront remplacés.

Edouard Nduwimana (photo) a assuré que le gouvernement fera tout ce qu’il peut faire pour combler ce vide. Il estime que cela va permettre de rétablir la confiance au sein des politiciens et un bon déroulement des élections.

- En outre, il a fait savoir que le gouvernement a décidé de lever les mandats d’arrêts contre certains organisateurs des manifestations contre la candidature de Pierre Nkurunziza. Par contre, il demande aux manifestants d’abandonner les réclamations ou du moins la manière de le faire. Il demande aux forces de l’ordre et surtout à la commission nationale de désarmement de désarmer les populations civiles dans tout le pays et cela dans deux semaines au plus tard. Il dit aussi que le gouvernement est favorable à la réouverture des médias privés qui, selon lui, peuvent dans les tous prochains jours travailler en synergie via les studios de la maison de la presse.

- Ce message a été relayé aussi par le secrétaire général et porte-parole du gouvernement ce mardi. En effet, lors de la lecture d’un communiqué de la part de l’Etat burundais, Philippe Nzobonariba a fustigé les manifestations contre la candidature de Pierre Nkurunziza tout en précisant que cette question n’est pas négociable. Dans ce même message, le gouvernement de Bujumbura a répété que les mandats d’arrêt contre certains leaders des manifestants ont été levés et que par conséquent, ces derniers doivent demander à leurs militants de dégager les routes et de permettre à la vie de continuer dans la ville de Bujumbura. Il a également répété que les 4 quartiers (selon lui) ont besoin de la paix et la tranquillité. Il a rappelle que le mandat que Pierre Nkurunziza veut briguer est le dernier comme cela a été toujours précisé.

- Sur le terrain, des manifestations contre la candidature de Pierre Nkurunziza à la présidentielle ont continué ce mardi. Dans la commune urbaine de Cibitoke dans le quartier Mutakura, des manifestants étaient actifs de même que la police qui essayait de les dissuader afin qu’ils ne viennent pas bloquer la route vers Muzinda. Des coups de feu ont été entendus dans ce quartier depuis le matin jusque dans l’après-midi. Les policiers ont même tiré beaucoup de coups de feu pour protéger un membre du parti CNDD-FDD qui serait un Imbonerakure qui voulait déménager vers un autre lieu. Deux personnes ont été blessées dans cette situation.

- Dans les autres quartiers de la ville de Bujumbura, il y avait un calme relatif et précaire mais, les routes de l’intérieur des quartiers étaient barricadées et seules les grandes avenues étaient praticables.

- Des manifestations sont aussi signalées dans la commune Mugongomanga et Mugamba respectivement de la province Bujumbura et Bururi. La route RN7 reste impraticable puisque ces manifestants ne permettent personne d’emprunter ce tronçon.

- Les habitants de la commune Kibago de la province Makamba ont aussi barricadé les routes dans cette commune et ont fait un long défilé pour dire non aux arrestations de trois membres des partis politiques de l’opposition. En effet, la police a arrêté ce matin deux personnes membres des partis Uprona aile de Nditije et le représentant du MSD dans cette commune ainsi qu’un ransfuge du CNDD-FDD. La population n’a pas digéré cette triple arrestation et a préféré faire des manifestations pour s’insurger contre ce comportement. Ils assurent que ces personnes n’ont rien fait et que les manifestations doivent continuer jusqu’à ce qu’elles soient libérées. Certains voient dans ces arrestations, une goutte d’eau qui fait déborder le vase et dans cette manifestation le début d’un soulèvement contre la candidature de Pierre Nkurunziza dans cette commune et même dans cette province.

- Les organisations de la société civile burundaises engagées dans la campagne « Halte au 3ème mandat de Pierre Nkurunziza » annoncent qu’elles n’ont plus confiance en la personne de Saidi Djinit le médiateur de la crise burundaise. Selon le président de l’APRODH, cette personne s’est illustrée par un comportement qui laisse entrevoir son côté penchant. Pierre Claver Mbonimpa assure que même avant, cette personne ne pouvait rien dire lors des négociations sans consulter préalablement le ministre de l’intérieur. Il ajoute aussi que lors des débats, les propositions du ministre Nduwimana étaient prioritairement retenues par ce médiateur. De plus, il l’accuse d’avoir apporté au sommet des chefs d’Etats de l’Afrique de l’Est un document sur lequel les négociateurs n’avaient pas encore eu de consensus et qu’ils n’avaient même pas encore signé. Ce fervent défenseur des droits de l’homme assure pourtant que si ce médiateur revient en tant que vrai médiateur, ils vont continuer les pourparlers. Mais, le plus rassurant serait que les Nations Unies le changent.

- Enterrement ce mardi de Théogène Niyondiko cet étudiant de l’Université du Burundi tué vendredi de la semaine dernière par la police à Musaga. La messe d’adieu a eu lieu à la paroisse de Ngagara à partir de 9h. Une foule immense composée de plus de 1000 personnes était venue l’accompagner à sa dernière demeure. Autour du cercueil, des pancartes étaient amassées sur lesquelles étaient inscrits des propos anti 3ème mandat, contre le sang versé chaque jour au Burundi par la police qui était pourtant chargée de protéger la population. Après la messe, le cortège s’est dirigé vers le rondpoint dit « kuri Channic » mais la police a demandé aux participants qui avaient transformé le cortège funèbre en une manifestation, de monter dans les véhicules qu’ils avaient prévus à cet effet mais en vain. Arrivés au niveau de la COTEBU, la police leur a obligé de monter dans ces véhicules et ils ont ainsi continué jusqu’à Mpanda.

- Arrivés à Mpanda, des discours ont été prononcés. Selon les membres de sa famille, c’est une journée triste puisque Théogène n’avait rien fait contre les policiers qui l’ont tué à par balle tirée dans le dos et qui a touché le cœur. Ils restent persuadés que les bourreaux de cet acte seront traduits un jour devant la justice.

- De leur côté, les organisateurs des manifestations contre la candidature de Pierre Nkurunziza estiment que cette mort est inacceptable. Ils trouvent que chaque tué est de trop et que chaque jour, ils procèdent aux enterrements des victimes de Pierre Nkurunziza qui ne veut pas lâcher ce mandat de trop. Ainsi, ils ont affirmé que chaque mort leur donne le courage de continuer la lutte jusqu’à ce que Nkurunziza et les siens sachent que la volonté du peuple est plus forte que les autres moyens.

De leur part, les étudiants de l’Université du Burundi assurent qu’ils vont honorer la mémoire de Théogène qui est mort en défendant une noble cause. Ils annoncent qu’ils ne vont pas se laisser dominer par les idées d’une ère révolue et précisent qu’ils ne vont pas regagner les homes universitaires avant que les circonstances de cette mort ne soient élucidées.