Burundi : la société civile récuse à son tour le médiateur de l'ONU
Société

@rib News, 09/06/2015 – Source AFP

 La société civile burundaise, en pointe dans la contestation de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, a à son tour mardi, après l'opposition, demandé à l'ONU de récuser l'actuel médiateur dans la crise, mettant en doute son impartialité.

"Les organisations de la société civile réitèrent leur volonté de dialogue à condition que ledit dialogue soit entouré de garanties suffisantes et soit facilité selon les règles de l’art, lesquelles supposent l’impartialité, la neutralité et l’objectivité", écrit l'un de ses dirigeants, Me Vital Nshimirimana, dans une lettre au secrétaire général de l'ONU.

"Si l’initiative de dialogue n’a pas produit de résultats, c’est essentiellement parce que le médiateur n’a pas respecté les aspects élémentaires pour la conduite et la réalisation d’un dialogue fructueux dans la gestion d’un conflit, ce qui nous pousse à demander sa récusation", poursuit-il.

"Il serait plutôt sage de désigner un autre médiateur qui inspire confiance à toutes les parties", souligne Me Nshimirimana, rappelant que l'opposition a déjà demandé le remplacement de l'actuel, l'algérien Saïd Djinnit, envoyé spécial des Nations Unies dans la région des Grands-Lacs, en l'accusant "d'avoir montré un côté penchant pour le gouvernement".

La société civile reproche à M. Djinnit de ne pas aborder dans ses consultations "la question (...) du troisième mandat" que brigue M. Nkurunziza, déclencheur de la crise actuelle.

Elle dénonce également son "incapacité à résoudre les questions préalables notamment la libération des centaines de manifestants (...) l’annulation des mandats d’arrêt délivrés contre les leaders du mouvement de contestation (...) pour leur permettre de participer au dialogue, la réouverture des médias ainsi que l’engagement formel de la police à ne plus tirer sur les manifestants".

La société civile s'interroge également sur "les critères ayant guidé le médiateur dans le choix et l'invitation des participants à ce dialogue", dénonçant l'absence de certains dirigeants du mouvement de contestation, dont certains font l'objet de mandats d'arrêt pour "incitation à l'insurrection".

Elle réclame enfin que les pourparlers se déroulent "sur un territoire neutre", estimant qu'un "dialogue franc et sincère est quasi-impossible" au Burundi "où certains leaders de l’opposition ou de la société civile ne peuvent pas sortir de leurs résidences (...) tandis que des dizaines d’autres sont contraints à l’exil".

L'ONU a initié courant mai des négociations pour tenter de désamorcer la crise au Burundi, mais celles-ci n'ont pour l'instant pas progressé.