Burundi : journaliste rwandais accusé d'"espionnage" libéré et reconduit au Rwanda
Justice

@rib News, 19/06/2015 – Source AFP

Un journaliste rwandais, Étienne Besabesa Mivumbu (photo), travaillant pour des médias de son pays, arrêté et accusé d’"espionnage" dans le nord-est du Burundi, faute d’accréditation, a été relâché et reconduit au Rwanda, a-t-on appris vendredi auprès de responsables burundais et rwandais.

Les autorités burundaises ont durci le ton contre la presse locale et étrangère depuis le début, fin avril, du mouvement de contestation contre la candidature du président Pierre Nkurunziza à un nouveau mandat.

Étienne Besabesa Mivumbu, journaliste basé dans l’Est du Rwanda pour la radio communautaire Izuba et correspondant local du site Igihe.com et la radio Flash FM, avait été arrêté le 8 juin dans la commune burundaise de Giteranyi, province de Muyinga, en compagnie du chauffeur de taxi-moto rwandais qui le transportait.

"Il a été libéré hier (jeudi) et dans la soirée il est rentré au Rwanda en traversant la frontière du côté de Nemba dans le Bugesera", dans le sud-est rwandais, a déclaré Cléophas Barore, président par intérim de la Commission rwandaise des médias (RMC), précisant que le chauffeur avait aussi été relâché.

"Le journaliste a été relâché hier soir et je l'ai reconduit moi-même à la frontière, puis je l'ai remis aux autorités rwandaises", a confirmé vendredi le procureur de Muyinga, Ernest Nduwimana. "Nous lui avons accordé une liberté provisoire, les enquêtes continuent. Nous allons le convoquer en cas de besoin".

Selon M. Barore, le journaliste dit avoir "subi un interrogatoire musclé" en prison.

Au moment de cette arrestation, le correspondant provincial de la principale organisation burundaise des droits de l'homme, l'Aprodh, Adam Ruhamiriza, avait déjà affirmé que M. Besabesa Mivumbu portait "des traces de coups sur le derrière et sur le dos".

Selon lui, le journaliste avait expliqué s'être rendu au Burundi pour un reportage sur l'agriculture et le commerce transfrontalier.

Selon un collègue rwandais du journaliste, l'interrogatoire avait pour but d’essayer de forcer le journaliste "à avouer qu’il y avait des camps militaires au Rwanda avec des réfugiés burundais" entraînés pour attaquer le Burundi.

Depuis le début du mouvement de protestation contre la candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat, plus de 100.000 Burundais terrorisés par le climat pré-électoral se sont réfugiés dans les pays voisins, dont 30.000 au Rwanda.

Le président rwandais, Paul Kagame, a ouvertement remis en question la légitimité de son homologue burundais, compte tenu de la contestation populaire à laquelle il fait face.