Bujumbura affiche une sérénité qui tranche avec la réalité du terrain
Politique

RFI, 20-06-2015

Burundi : le gouvernement tente de rassurer la population

Le gouvernement a publié trois communiqués pour rassurer la population sur le climat apaisé, qui selon lui, règne dans le pays. La Céni, qui s'apprête à organiser des élections législatives et communales le 29 juin prochain, appelle les observateurs internationaux à revenir au Burundi.

Ce tableau tranche avec l'inquiétude de la communauté internationale, qui craint de voir le pays basculer dans un nouveau cycle de violences en raison des contestations contre un 3e mandat du président sortant, Pierre Nkurunziza.

Les autorités assurent que les élections se tiendront dans un climat apaisé. Dans un communiqué diffusé vendredi 19 juin, le ministère de la Défense tente de « tranquilliser l'opinion » sur le fait que « la situation sécuritaire est sous contrôle ».

Sur la même lancée, le ministère de la Sécurité publique affirme que « la population vaque normalement à ses activités ». Pour sa part, la Commission électorale, assure « préparer des élections inclusives, libres et transparentes ». La Céni encourage ainsi les observateurs internationaux à revenir dans le pays pour superviser ce scrutin.

Enfin, les autorités affirment disposer « d'experts dotés de certificats internationaux en matière de désarmement », qui ont saisi 12 grenades, cinq fusils, un pistolet et quelques 700 cartouches. Une manière pour le gouvernement de rejeter l'offre de l'Union africaine, qui prévoyait de dépêcher des experts militaires pour vérifier le processus de désarmement des milices.

Cette sérénité affichée par les autorités tranche avec la réalité du terrain. Ces deux derniers jours, des grenades ont été lancées, notamment de nuit, dans certains quartiers de Bujumbura. L'Association pour la protection des droits humains (Aprodh) dénonce des arrestations quotidiennes de personnes inculpées de « participation à un mouvement insurrectionnel ». Cette organisation dénombre près d'un millier de personnes détenues par les forces de l'ordre.

Des parlementaires européens veulent une enquête de la CPI

L'inquiétude de voir le pays sombrer dans un autre cycle de violences est bien réelle chez certains parlementaires européens. Plusieurs d'entre eux ont adressé une lettre à la Cour pénale internationale (CPI), lui demandant d'enquêter sur les violences commises au Burundi depuis le début de la crise.

Ces parlementaires estiment qu'au vu des évènements passés, la montée des tensions et notamment des risques d'instrumentalisation ethnique des contestations laisse craindre le pire. Ils saisissent la CPI à titre préventif. Maria Arena est députée européenne du groupe des socialistes et des démocrates. « Nous demandons, par exemple, un gel des avoirs de l'environnement de Nkurunziza pour mettre la pression sur eux. Mais il est aussi important de dire à ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui que ce qui risque de se passer ne sera pas sans suite. »

Les députés veulent donc mettre la pression sur l'entourage du président, car, estime Maria Arena, « si nous ne le faisons pas aujourd'hui et que la situation dérape dans la région nous aurons cette responsabilité là aussi. Donc il vaut mieux prévenir les situations que de devoir les guérir. Malheureusement on connaît trop bien ce qui s'est passé, nous ne voudrions pas nous situer dans la même position que pour ce qui se passe dans la région des Grands Lacs. »