Le Burundi menace de déplacer par la force des réfugiés tutsis congolais
Sécurité

@rib News, 09/10/2009 – Source AFP

Gén. Alain Guillaume BunyoniLe Burundi a menacé de déplacer par la force, vers un camp de l'Est du pays, des réfugiés tutsi congolais à qui les autorités congolaises ont refusé jeudi l'entrée sur le territoire de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris vendredi de source officielle.

Les autorités burundaises ne peuvent pas "laisser des gens prendre une décision aussi irresponsable que de rentrer dans un pays (...) où leur gouvernement déclare qu'il n'est pas prêt à les accueillir", a déclaré le ministre de la Sécurité, le général Alain Guillaume Bunyoni.

Jeudi, les autorités congolaises avaient fermé le poste frontière de Kavimvira, frontalier avec le Burundi, pour empêcher le retour de quelque 2.300 réfugiés tutsi congolais, organisé par le gouvernement burundais.

Kinshasa avait justifié cette fermeture "provisoire" en expliquant vouloir "préparer" et "mieux encadrer" ce rapatriement.

Le gouvernement burundais "se doit de prendre des mesures et d'être ferme dans leur mise en exécution si c'est pour le bien de cette communauté" (tutsi congolaise) et celle-ci "se doit de respecter" ces mesures, a expliqué au cours d'une conférence de presse le ministre Bunyoni.

"Conformément à la loi, on va assurer le déplacement de ces réfugiés (vers le camp de Bwagiriza, Est) et ce sera fait dans la fermeté", a-t-il prévenu.

Le gouvernement du Burundi avait entamé jeudi matin le rapatriement vers la RDC voisine de quelque 2.300 réfugiés tutsi congolais ayant en grande majorité fui la province du Sud-Kivu (est de la RDC) en 2004.

Ces réfugiés, actuellement installés dans un camp à Mwaro (centre), avaient souhaité rentrer dans leur pays d'origine après avoir refusé d'être transférés dans un nouveau camp dans l'Est, invoquant des raisons de sécurité.

Ils s'étaient affronté à deux reprises aux forces de l'ordre qui tentaient de les en empêcher et de les transférer dans le nouveau camp de réfugiés.

Leur camp à Mwaro étant bientôt fermé, ils seront donc réinstallés dans le camp de Bwagiriza (180 Km à l'Est de Bujumbura) qui "remplit toutes les conditions de sécurité", selon le ministre.

Celui-ci s'exprimait au côté de la représentante du Haut commissariat de l'ONU au Burundi (HCR), Clémentine Nkweta-Salami.

"Toutes les installations n'existent plus dans le camp de Mwaro " où "la situation va devenir catastrophique", a souligné Mme Nkweta-Salami.

"C'est mieux pour eux (les réfugiés, NdlR) d'aller à Bwagiriza, ne fut ce que pour un ou deux jours en attendant la décision qui va être prise", a-t-elle ajouté.

Quatre ministres du gouvernement congolais sont attendus à Bujumbura samedi en vue de "traiter de cette question", selon le général Bunyoni.

Lundi, le HCR avait conseillé "aux réfugiés congolais au Burundi de ne pas retourner pour le moment" dans leur région d'origine, le Sud-Kivu, "du fait des conditions de sécurité actuelles dans cette région".

La question des Tutsis congolais --plus connus sous le nom de Banyamulenge-- est très sensible au Sud-Kivu, en particulier dans la ville frontalière d'Uvira, où le ressentiment anti-Tutsi est encore très vivace.