Burundi : Chassés de l'ambassade US, des étudiants errent dans Bujumbura
Société

@rib News, 26/06/2015 – Source AFP

Chassés de l'ambassade américaine, des étudiants de Bujumbura cherchent leurs affaires "pillées" par la police

Les policiers "ont pillé nos affaires", se lamente dans la cour du centre culturel de la paroisse Esprit de Sagesse de Bujumbura, Maximilien, étudiant, chassé la veille par la police d'un campement près de l'ambassade américaine, puis de l'enceinte diplomatique où il avait trouvé refuge avec 200 camarades. [Photo : Dans la rue près de l'Ambassade, la police burundaise en train d'embarquer les affaires des étudiants, valises, tentes, sacs, etc.]

Quelques 500 étudiants campaient depuis fin avril près de l'ambassade à qui ils demandaient protection, après avoir dû quitter leurs résidences universitaires, fermées par les autorités pour contraindre les étudiants de province, soupçonnés de prendre part aux manifestations contre la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, à quitter la capitale.

Quand les policiers ont "attaqué" leur campement de fortune, mercredi, les étudiants se sont dispersés, abandonnant leurs affaires. Environ 200 sont parvenus à entrer dans l'enceinte diplomatique, avant d'être poussés vers la sortie en début de soirée. Une fois dehors, tout avait disparu: sacs, matelas, vêtements, documents.

- "Nulle part où dormir" -

Après une nuit à la belle étoile, une centaine d'entre eux se sont rendus jeudi à la paroisse catholique Esprit de Sagesse, non loin de l'ambassade et de leurs campus et dont ils connaissent le curé, l'abbé Adrien Ntabona.

"On est venu pour lui demander de nous aider à retrouver nos affaires", explique Ernest, représentant désigné de ces étudiants, "il a contacté l'aumônier de la police". Jeudi, un camion de la police est donc venu ramener le butin, désormais séparé en plusieurs tas dans la cour du centre: moustiquaires d'un côté, valises de l'autre, vêtements et chaussures entre les deux.

"Mais des choses manquent", constate Pascal, 25 ans. "Et nos sacs sont déchirés, nos affaires abîmés", affirme Maximilien qui dit que son "smartphone avec batterie et deux pantalons" sont portés disparus.

Les étudiants ont donc dressé une liste minutieuse des objets manquants, sorte d'inventaire à la Prévert: sacs, matelas, "babouches", pantalons, y côtoient argent liquide, cartes de mutuelle, d'identité, attestation de diplôme, carnet de chèque, mais aussi "médicaments", (dentifrice) "Colgate" ou "un sac rempli de Cotex" (tampons hygiéniques).

Des 500 du campement, ils ne sont qu'une centaine ici. "Chacun a fui de son côté", explique Ernest.

Certains fouillent les tas. D'autres attendent assis sur des matelas ou discutent sur des chaises, jouent aux cartes ou tripotent leurs portables. Parfois à côté des maigres affaires qu'ils ont retrouvées.

Mais, "à partir de ce soir, on n'a plus nulle part où dormir", souligne Ernest.

Ces étudiants viennent de province, certains ne peuvent pas rentrer, leur famille ayant fui le pays, craignant, disent-ils, les intimidations du parti au pouvoir ou les violences à l'approche des élections. D'autres n'osent pas, disant redouter les représailles des Imbonerakure, les jeunes du parti présidentiel.

La paroisse ne tient pas à ce qu'ils dorment ici, craignant qu'ils n'attirent les nervis du pouvoir. "On va essayer de les héberger chez des paroissiens", explique un membre du Conseil paroissial, alors que dans le quartier, une collecte s'est apparemment improvisée parmi les habitants.