Burundi : tristesse et colère après de nouveaux incidents meurtriers
Société

RFI, 28-06-2015

 La capitale burundaise a connu de nouvelles tensions dans la nuit de samedi à dimanche, à la veille des élections législatives et communales controversées de lundi, qui seront boycottées par l’opposition. Au moins trois personnes ont été tuées dans des incidents séparés.

Tristesse et colère, ce dimanche 28 juin, notamment devant le domicile de l’une de ces victimes dans le quartier de Jabe, l’un des quartiers périphériques de Bujumbura où RFI s’est rendue.

Des femmes en pleurs. La mère, les sœurs... même le père ne pouvait cacher sa tristesse. La victime était un étudiant.

« La police lui a tiré dessus, dans la nuit de samedi à dimanche, alors qu’il faisait la ronde dans le quartier », explique l’un de ses amis qui dit avoir fui, lui aussi, au premier coup de feu. En revenant sur ses pas, il découvre la victime en feu. Elle se serait également pris des coups de couteau.

« Si une ambulance était venue, on aurait pu le sauver », dit encore ce témoin. Visiblement, les secours auraient refusé à cause du déluge de feu, à savoir des tirs et des explosions de grenades, sans que les habitants - pour la plupart enfermés chez eux - ne comprennent ce qui se passait.

Tristesse également à quelques rues de là, dans le même quartier. Un autre jeune, accusé, quant à lui, de faire partie de la jeunesse du parti au pouvoir, a également trouvé la mort la nuit dernière dans une explosion de grenade. Ses mains étaient déchiquetées et les avant-bras brûlés. « Ce n’est pas une victime », disaient des femmes assises dans la rue.

Mais le quartier de Jabe n’a pas été le seul à avoir vécu une nuit d’enfer. Des tirs ont en effet été signalés à la périphérie de Nyakagiba, autre quartier de la contestation. A Musaga et Kanyosha, ce sont des explosions de grenades et des tirs qui ont également eu lieu. C’est dans ces quartiers sud qu’un militaire a été tué juste après l’explosion d’une grenade, alors que la police et l’armée sont intervenues simultanément.

Depuis quelques jours, le porte-parole de la police est injoignable et le seul commentaire officiel, c’est un tweet du conseiller en communication du président qui accuse des responsables de l’opposition et de la société civile.

La population, elle, dénonce des opérations de la police appuyée par la jeunesse du parti au pouvoir.