Le Burundi sombre lentement dans la guerre civile
Sécurité

Le Point, 10/07/2015

Burundi : en attendant la présidentielle, place aux combats

Le Burundi sombre lentement dans la guerre civile. Vendredi, l'armée burundaise a affronté un groupe armé non identifié, près de la frontière rwandaise.

« Depuis ce [vendredi] matin vers 6 heures [4 heures GMT], un groupe armé a attaqué une position de l'armée dans le secteur de Rugazi de la commune de Kabarore, on entend des tirs et des explosions », a assuré un responsable administratif local, ayant requis l'anonymat.

Le secteur de Rugazi, dans la province septentrionale de Kayanza, est situé à une centaine de kilomètres au nord de Bujumbura. Il se trouve à la jonction de la forêt de la Kibira, côté burundais, et de celle de Nyungwe, côté rwandais. Selon une source religieuse sur place, les combats se poursuivaient en milieu d'après-midi.

« On ne connaît pas la nationalité des assaillants »

« De source militaire, ce groupe a attaqué en provenance du Rwanda mais on ne connaît pas la nationalité des assaillants », a déclaré Canisius Ndayishimiye, le gouverneur de la province de Kayanza, joint par téléphone. Le porte-parole de l'armée burundaise, le colonel Gaspard Baratuza, a confirmé « une situation d'insécurité, il y a des tirs dans ce secteur et des éléments de l'armée sont allés sur place vérifier ce qui se passe ».

Des renforts militaires venus de Kayanza et de la province voisine de Ngozi attaquent le groupe armé sur plusieurs fronts, selon des sources concordantes. Un haut gradé des services de sécurité burundais, ayant requis l'anonymat, a affirmé qu'un membre de ce groupe « suicidaire » avait été arrêté et plusieurs autres tués. Un responsable local a évoqué un soldat burundais tué et la source religieuse la mort d'au moins deux civils.

Vers un report de la présidentielle

Les autorités burundaises ont demandé à la Commission électorale de travailler à un report de la présidentielle prévue le 15 juillet, mais pas au-delà du 26 juillet, selon un communiqué officiel publié sur le site officiel de la présidence burundaise. Réunis le 6 juillet à Dar es Salam, les chefs d'État de la Communauté est-africaine (EAC) ont demandé un report de la présidentielle au 30 juillet, afin de donner le temps au président ougandais Yoweri Museveni, nommé médiateur dans la crise burundaise, de « mener un dialogue » avec les différentes parties.

Une candidature qui divise

La candidature du président Pierre Nkurunziza à la présidentielle prévue le 15 juillet, lors de laquelle il briguera un troisième mandat que ses adversaires jugent inconstitutionnel, a plongé depuis fin avril le Burundi dans une grave crise politique émaillée de violences ayant fait au moins 70 morts. Des généraux mutins, auteurs d'un putsch avorté à la mi-mai contre M. Nkurunziza, ont annoncé début juillet leur volonté de chasser ce dernier « par la force », sur fond de rumeurs faisant état de la mise sur pied d'une rébellion.

Source AFP