Des départs qui pourraient bien continuer si la crise s'aggrave au Burundi
Sécurité

RFI, 18-07-2015

Crise au Burundi : l'afflux de réfugiés burundais en Tanzanie continue

Alors que la médiation se poursuit à Bujumbura, des Burundais fuient les troubles et les violences que connaît le pays depuis que le président Pierre Nkurunziza a affirmé sa volonté de briguer un troisième mandat. Les autorités veulent rassurer, promettant un retour au calme, mais les départs continuent.

Depuis le début de la crise au Burundi en avril dernier, 167 000 personnes ont fuit dans les pays voisins. Samedi 18 juillet, la sécurité était au centre des discussions à Bujumbura. Le retour des réfugiés a été abordé dans ce cadre.

Dans la semaine, les autorités ont déclaré à RFI observer un retour en masse des Burundais dans leur pays. Une tendance qui n'est pas confirmée par les observateurs sur le terrain. Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) parle d'un afflux continu de Burundais, en particulier en Tanzanie. Le camp de Nyarugusu est au bord de la saturation. Il y a un mois, il en accueillait 70 000. Aujourd'hui, ils sont 5 000 de plus.

Sur place, Maximilien Nyanguru, réfugié burundais de longue date, dit voir arriver chaque jour des bus remplis de ses compatriotes. Il déplore une situation difficile. Un manque d'eau, de sanitaires, et de place.

Les nouveaux arrivants sont logés dans de grands abris surpeuplés, et les risques de maladies sont de plus en plus élevés. Le 18 juillet, dans un communiqué, le Haut commissariat aux réfugiés a demandé au gouvernement tanzanien de mettre à disposition des espaces supplémentaires.

Cycle de violences

Des départs qui pourraient bien continuer si la crise s'aggrave au Burundi. Et c'est précisément ce que craint un groupe d'experts des Nations unies, qui appelle le Conseil de sécurité à intervenir. Ils ont relevé une série de signaux alarmant indiquant qu'un cycle de violences pourrait aller crescendo.

Michel Forst, un de ces experts, souligne l'inquiétant climat politique qui règne dans le pays. « Le message que nous lançons c’est que la présidentielle ne peut pas se tenir dans ces conditions. Des candidats ont décidé de ne pas concourir. Certains sont partis à l’étranger. 150 000 Burundais sont à l’étranger également, ont fui les violences. Des dizaines d’assassinats politiques marquent le pays. Vraiment, la première mesure c’est de rétablir la paix, le calme, pour que des élections présidentielles puissent tenir dans des conditions normales. »

Spécialisé sur la question des droits de l'homme, Michel Forst est d'autant plus inquiet que la crise pourrait s'étendre à la région, dont l'histoire est agitée. « La situation, telle qu’elle est actuellement, nous paraît tellement explosive que le cycle de violences risque de déborder le simple Burundi et on sait à quel point les frontières sont poreuses entre le Burundi et ses voisins. Et on connaît le cycle de violences qui a alimenté la région des Grands Lacs par le passé. Notre crainte c’est que les violences s’étendent dans les pays de la région. Et qu'on ait de nouveau un cycles de violences comme on en a connu par le passé. »