EurAc appelle à des élections libres et transparentes au Burundi
Politique

@rib News, 22/10/2009

Le Burundi a besoin d’élections libres et transparentes, organisées par une commission électorale nationale véritablement Indépendante

European Network for Central Africa (EURAC)

 Bruxelles, le 22 octobre 2009 - Le Burundi a un passé violent. Après l'indépendance en 1962, le pays a basculé dans une lutte pour le pouvoir, provoquant l'exclusion ethnique, des cycles de violences massives et même une guerre ouverte à partir de 1993. Pas à pas, le Burundi est sorti de cette crise. De longues années de négociations ont débouché sur des élections en 2005. Bien organisées, proclamées libres et transparentes par les observateurs indépendants nationaux et internationaux, avec un résultat clair qui a été accepté par tout le monde. Les élections de 2005 ont mis en place les institutions légitimes, dont le pays avait tellement besoin.

Néanmoins, cette première législature, qui se terminera bientôt, n'a pas permis de concrétiser les résultats attendus. Les institutions ont vécu plusieurs blocages. Le paysage politique n'a cessé d'être instable, du fait des tensions internes et même des scissions au sein de nombreux partis. La dernière rébellion n'a intégré les institutions qu'en avril 2009. La population connaît toujours des conditions de vie très précaires, et la mauvaise gouvernance demeure un obstacle majeur pour une lutte efficace contre la pauvreté. L'Etat de droit est encore en chantier et le potentiel de violence n'est pas sous contrôle.

Toutes ces préoccupations ne sauraient nous faire oublier que le pays a réalisé un progrès important depuis la fin de la guerre : toutes les ex-rébellions ont connu une intégration militaire et politique. Le multipartisme est effectif, et malgré la pression des autorités, la presse et la société civile réussissent à mener un travail de qualité. Le clivage ethnique n'est plus perçu comme la source de tous les maux du pays, et l'armée n'est plus l'instrument d'une ethnie cherchant à protéger ses privilèges.

Le Burundi est sur la voie de la démocratie. Jeune encore, presque embryonnaire même, mais réelle. Pour rester sur les rails de la démocratisation et pouvoir s'attaquer aux grands dossiers socio-économiques dans un futur proche, le Burundi a besoin d'élections libres et transparentes en 2010, organisées par une commission électorale nationale réellement indépendante.

Lors du débat pour l'adoption du code électoral par le Sénat et l'Assemblée nationale en septembre 2009, la communauté internationale a démontré qu'elle disposait d'une capacité d'influence importante afin d'amener les différentes parties prenantes à rechercher le consensus, ce qui la place devant une responsabilité toute particulière.

EurAc recommande à l'Union Européenne et ses Etats-membres de :

1) Accompagner le Burundi à terminer la première législature et dans l'organisation de nouvelles élections libres et transparentes dans le respect du cadre constitutionnel et selon les normes internationales

2) Rechercher dans son dialogue politique avec le Burundi un équilibre, certes délicat, entre un appui loyal (en termes de finances, d'expertise, d'appui politique et en termes techniques) d'un côté, et une pression réelle de l'autre côté, en faisant preuve d'une vigilance pour ce qui concerne les grands principes de la démocratie, sans s'enliser dans le micro-management des élections

3) Veiller particulièrement à l'indépendance de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI)

4) Contribuer à la protection de l'espace dans lequel la société civile et la presse pourront jouer leur rôle démocratique

5) S'investir dans l'observation internationale des élections par des acteurs officiels, tels que les Parlements nationaux en Europe, tout en appuyant le monitoring électoral de la société civile burundaise et de ses partenaires de la société civile européenne.

6) Stimuler la réflexion et appuyer la mise en œuvre d'une stratégie post-élections, prévoyant particulièrement la gestion de ceux que les résultats annonceront perdants.