Un civil tué dans un regain d’insécurité dans les quartiers contestataires de Bujumbura
Sécurité

PANA, 02 septembre 2015

Bujumbura, Burundi - Un civil a été retrouvé mort sur la voie publique, dans la nuit de lundi à mardi, une nuit agitée par des tirs nourris aux armes automatiques et des détonations de grenades dans les quartiers du Centre, du Nord et du Sud de Bujumbura, a-t-on appris de  sources concordantes dans la capitale burundaise.

Ces quartiers, rappelle-t-on, ont été à l’avant-garde du mouvement de contestation de ces quatre derniers mois de la candidature du président Pierre Nkurunziza, pour un troisième mandat à la tête du pays.

La Police nationale, quant à elle, a fait état de quatre de ses agents qui ont été blessés à des degrés divers dans des jets de grenades et des tirs croisés avec des individus armés non encore clairement connus.

Un couvre-feu de fait a été instauré depuis la nuit dernière dans les quartiers du Sud et du Centre de Bujumbura où la circulation automobile, ainsi que les boutiques et marchés restaient fermés à la mi-journée encore de mardi.

Les forces de l’ordre accusent les résidents de tirer sur eux, ces derniers temps, à l’aide d’armes détenues illégalement par des civils et qui justifient la multiplication des opérations policières de fouille-perquisition qui durent depuis des semaines dans les quartiers contestataires.

Les citoyens, de leur côté, s’en défendent, en estimant plutôt qu’il y a derrière la pression qu’ils subissent, une volonté de punir ainsi les quartiers qui ne cachent pas aujourd’hui encore leur hostilité envers le régime.

Selon les mêmes sources civiles, une vingtaine de jeunes ont été encore embarqués par la Police, mardi, vers une destination inconnue, alors que le bilan émanant des forces de l’ordre fait état de seulement 9 arrestations de présumés fauteurs de troubles à l’ordre public.

La Police a engagé une vitesse supérieure depuis que le chef de l’Etat lui a donné l’ordre, lors de sa récente investiture pour un nouveau mandat, d’en finir avec les groupes armés, surtout ceux qui opèrent dans la capitale, dans deux mois.

La mission semble pour le moment ardue, étant donné que les armes continuent de crépiter et tuer des gens pratiquement au quotidien en ville de Bujumbura et dans certaines localités isolées de l’intérieur du pays, qui sont pourtant restées en dehors du mouvement de contestation du mandat présidentiel.

Après les violences de masse des mois derniers, qui ont fait autour de 100 personnes tuées parmi les manifestants et les forces de l’ordre et poussé à l’exil forcé plus de 150.000 autres citoyens dans les pays voisins, on assiste depuis début août, à des assassinats plutôt sélectifs dont le plus spectaculaire a emporté la vie, dans un attentat à la roquette en pleine journée à Bujumbura, d'un général de l’armée nationale et conseiller principal en matière de sécurité à la présidence de la République, Adolphe Nshimirimana.

Moins d’une semaine après, ce fut le tour à un colonel à la retraite et ancien chef d’état-major de l’armée, Jean Bikomagu, de tomber sous les balles d’un commando non encore identifié.

Des quidams et de simples militants de partis politiques continuent également à mourir dans l'anonymat, à cause de ce phénomène d’assassinats ciblés, qui a fini par installer le pays dans une psychose d’insécurité qui rappelle étrangement les années passées de guerre civile (1993-2003) ouverte au Burundi.

Des prédicateurs étrangers, à savoir des Nigérians, Jordaniens et autres Américains de renom en étaient, mardi, à leur quatrième jour de prières et d'action de grâce pour le retour au calme et à la paix dont les Burundais ont tant soif, à l'initiative du couple présidentiel.