Les évêques du Burundi dénoncent le climat de violence
Société

La Croix, 14/9/15

Deux mois après la réélection contestée du président burundais Pierre Nkurunziza, la conférence épiscopale du pays a invité les responsables politiques à dialoguer pour rétablir la paix.

« Tu ne tueras point »: c’est par ce rappel au cinquième commandement que les évêques du Burundi ont invité les habitants à œuvrer en faveur de la paix, alors que l’instabilité gagne le pays après la réélection contestée du président Pierre Nkurunziza le 21 juillet 2015.

Dans un communiqué publié au terme de leur Assemblée plénière de septembre, les évêques soulignent la division de la population, entre ceux qui se sentent en sécurité et ceux parfois poussés à fuir à l’étranger pour sauver leur vie, rapporte l’agence vaticane Fides.

ACTES CRIMINELS QUOTIDIENS

Ils condamnent les actes criminels quotidiens, notamment dans la capitale Bujumbura, où certaines personnes ne dorment pas à leur domicile par crainte d’être enlevées ou tuées. Le communiqué dénonce également la situation de certains quartiers, où des habitants ne peuvent sortir de chez eux pour aller travailler ou se procurer à manger, risquant de mourir de faim.

« La pauvreté menace la population et cela accroît le drame que nous vivons actuellement, attendu que certains membres de la communauté internationale semblent avoir suspendu leurs aides au Burundi », estiment les évêques burundais.

« UN LANGAGE À CARACTÈRE TERRORISTE »

Ils déplorent également le langage « menaçant » et « tendant à dénigrer les autres »des membres du gouvernement et de l’opposition. « Un langage à caractère terroriste visant à provoquer la confrontation comme si nous étions en guerre, un langage qui sert à réveiller l’esprit de division d’un pays qui, au travers des accords de paix, désirait tourner la page et entreprendre la voie de la réconciliation nationale », critique le communiqué.

Invitant les fidèles à la prière pour la paix dans le pays, les évêques lancent aussi un appel aux acteurs de la crise politique. Ils les invitent à s’asseoir autour d’une table pour « prendre les mesures qui permettent au Burundi de redevenir un pays vivable où chacun se sent libre, dans le respect réciproque ».

Vendredi 11 septembre, le général Prime Niyongabo, numéro un de l’armée burundaise, a échappé à une embuscade à Bujumbura. Une attaque qui fait suite à l’assassinat, le dimanche 2 août, d’Adolphe Nshimirimana, chef de la milice pro présidentielle et considéré comme le numéro deux du régime.

S.B. avec Fides