Burundi : l'eau potable manque dans un pays riche en ressources hydriques
Economie

@rib News, 24/09/2015 – Source Xinhua

Seulement 63% des Burundais ont accès à l'eau potable, a révélé jeudi à Bujumbura Emmanuel Ndorimana, directeur général des ressources en eau et assainissement au ministère burundais en charge de l'Eau.

M. Ndorimana, lors d'une interview accordée à Xinhua, a précisé que le Burundi n'a pas encore les moyens financiers pour pouvoir se doter des infrastructures adéquates pour que les 37% des Burundais restants, cessent de boire de l'eau polluée puisée notamment dans les rivières.

L'accès à l'eau potable pour tous les 10 millions de Burundais, est un gros défi du moment, difficile à relever pour le cours et moyen terme dans la mesure où la réponse appropriée nécessite de lourds investissements, a-t-il expliqué.

"La problématique de changements climatiques constitue le principal défi sur la gestion des ressources en eau au Burundi. Car, le déficit forestier actuel, résultant notamment des méfaits des feux de brousse, est en train d'influer négativement sur la quantité des eaux disponibles dans le pays", a souligné le directeur général.

La pollution est aussi l'une des fortes menaces qui planent sur la qualité des ressources en eau au Burundi.

Par exemple, a-t-il illustré, le lac Tanganyika, qui constitue un réservoir immense d'eau douce d'un volume de 18.880 km3 et d'une superficie de 32.400 km² dont 2600 km² de superficie burundaise, est rendu vulnérable aux pollutions par sa période de renouvellement "extrêmement longue".

Au Burundi, a-t-il souligné, la "grande" ressource en eau qu'est le lac Tanganyika, est très menacé par la pollution des déchets industriels et des eaux usées provenant des ménagers ainsi que par des sédiments émanant des contreforts de la région naturelle de Mumirwa, frontalière d'une plaine couvrant la région naturelle de l'Imbo.

Par ailleurs, la qualité des ressources en eau, est affectée par le fait que les bassins versants ne sont pas encore protégés par des activités de reboisement alors que le couvert végétal a été détruit, a-t-il reconnu.

M. Ndorimana a souligné que le Burundi ne pourrait accroître le niveau de couverture en eau potable que s'il parvenait à relever deux importants défis : le manque de financements pour le secteur, la non-appropriation de la protection des ressources en eau par la population burundaise.

Comme pistes de solutions à cette problématique de changements climatiques, a-t-il poursuivi, en amont, les autorités burundaises sont en train de piloter une stratégie consistant à "atténuer" leurs effets ou à "s'y adapter" via notamment l'animation des campagnes pour le reboisement sur les collines dénudées et la plantation des arbres agro-forestières.

En aval en revanche, la stratégie gouvernementale en cours de mise en oeuvre, promeut une éducation environnementale de la population burundaise afin qu'elle puisse "s'approprier la question de l'eau", en s'impliquant au quotidien dans le combat contre le phénomène récurrent de feux de brousse.

Le gouvernement burundais est en train de faire face aux auteurs de violations du code de l'eau en vigueur promulguée le 26 mars 2012. Afin que les Burundais puissent boire de l'eau propre en quantité et en qualité suffisantes, ce texte, a-t-il révélé, prévoit le respect d'une zone de protection de 150 mètres pour le lac Tanganyika, de 25 mètres pour les rivières du lac Tanganyika et de 50 mètres pour les petits lacs nordiques, à savoir ceux de Rweru et de Cohoha, frontalières au sud du Rwanda.