Burundi : une quinzaine de civils tués dans des affrontements avec la police
Sécurité

@rib News, 04/10/2015 – Source AFP

Une quinzaine de civils ont été tués depuis samedi à la suite d'affrontements qui ont opposé la police burundaise à des opposants du président Pierre Nkurunziza, dans les quartiers du nord de Bujumbura, a-t-on indiqué dimanche de sources concordantes.

"Les affrontements ont commencé samedi à la mi-journée à Mutakura (nord-ouest de la capitale) par une attaque de criminels armés contre des policiers, (...) jusqu'au soir on avait un bilan de deux tués côté assaillants et de deux policiers blessés", a annoncé le porte-parole adjoint de la police, Pierre Nkurikiye.

"Pour le moment, je n'ai pas encore de bilan pour la nuit", a précisé M. Nkurikiye, "mais je peux vous garantir qu'aucun policier n'a été tué au cours de ces affrontements".

Dans le quartier de Cibitoke les cadavres de six personnes tuées par balles gisaient encore en plein air, selon trois témoins cités par la même source.

Une information confirmée par une source administrative locale.

A la jonction de Mutakura et Cibitoke, cinq autres corps ont été trouvés, selon d'autres sources. A Mutakura, des témoins ont également découvert dimanche matin quatre corps tués par balles.

Selon des sources concordantes, tout a commencé lorsque des policiers ont arrêté des jeunes à Mutakura et ont voulu les amener avec eux. Les policiers ont été attaqués à la grenade et à la kalachnikov et les affrontements se sont ensuite étendus vers Cibitoke et une partie de Kamenge et de Ngagara.

Tous les témoins interrogés ont accusé la police d'avoir réagi "avec une brutalité inouïe" et "très disproportionnée par rapport à l'attaque qu'ils ont subie". Ils ont également assuré que la plupart des victimes ont été tuées par des balles dans la tête. Toujours selon des témoins, la police a détruit deux maisons à la roquette à Mutakura et procédé à des dizaines d'arrestations, essentiellement à Mutakura et Cibitoke.

Selon un haut gradé de la police, c'est une nouvelle unité spéciale, la Brigade anti-émeutes, composée de policiers triés sur le volet et dirigés par un officier des services de renseignement, qui opère dans ces quartiers.

La candidature fin avril du président Nkurunziza à un troisième mandat a plongé le Burundi dans une grave crise, marquée par des manifestations étouffées via une sanglante répression, et par une tentative déjouée de coup d'Etat militaire.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme Zeid Ra'ad Al Hussein a fait état lundi d'une augmentation alarmante du nombre d'arrestations, de détentions et de meurtres au Burundi depuis le début du mois.