Burundi: une militante du MSD disparaît dans d'étranges conditions
Sécurité

RFI, 18-10-2015

Au Burundi, on a appris samedi 17 octobre la disparition de Charlotte Umugwaneza (photo), vice-présidente du parti d’opposition MSD pour le quartier de Cibitoke et militante anticorruption. Sa famille et ses proches accusent les services de renseignement et affirment avoir identifié son corps sur des photos. La police, quant à elle, dément qu’il s’agisse du corps de l’opposante.

Charlotte Umugwaneza, militante du Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD), avait décidé de déménager pour fuir les violences récurrentes dans le quartier de Cibitoke, au nord de la capitale Bujumbura. Vendredi matin vers 10 h, elle se rend donc près de Ngagara pour louer un utilitaire, ce qui ne devait pas prendre plus de 30 minutes.

Toujours sans nouvelles dans l’après-midi, ses proches mettent en place un dispositif d’alerte via les réseaux sociaux. Plusieurs sources accusent alors les services de renseignement burundais, comme cet habitant de Cibitoke, qui confie : « Vers l'après-midi, on a appris qu'elle était arrivée là-bas et emprisonnée (...) Il y a un cachot où les documentalistes mettent des gens pour les conduire (ensuite) dans d'autres endroits. »

Traces de blessures

Contactés par RFI, les services de renseignement nient que l’opposante soit passée par leurs locaux. Une chose est sûre, Charlotte Umugwaneza a disparu. Des photos apparaissent finalement le matin suivant sur Internet, montrant un corps sans vie retrouvé à plusieurs kilomètres de Bujumbura. Il s’agit d’une femme d’une quarantaine d’années, portant des traces de blessures, la poitrine à peine couverte d’un pagne.

Sa famille, ses proches et plusieurs médias locaux reconnaissent Charlotte Umugwaneza. Le porte-parole de la police affirme néanmoins qu’il ne se s’agit pas du corps de la militante, mais de celui d’une autre habitante de Bujumbura. Pourtant, sur son compte twitter, Willy Niamitwe, le conseiller en communication du président burundais, dénonçait samedi « l’assassinat ignoble de Charlotte Umugwaneza ».