Tanzanie : le candidat du parti au pouvoir en tête, l'opposition dénonce des fraudes
Opinion

APA, 28-10-2015

Arusha (Tanzanie) - Le candidat du parti au pouvoir à l'élection présidentielle en Tanzanie devançait mercredi ses adversaires après un deuxième décompte des voix dans environ la moitié des circonscriptions, les résultats définitifs étant attendus jeudi.

L’opposition conteste déjà ces résultats accusant le pouvoir, la Commission électorale et la police d’orchestrer des fraudes.

Avec 2.461.771 voix (57%), John Magufuli, du parti Chama Cha Mapinduzi (CCM) au pouvoir, devançait son principal adversaire l’ancien Premier ministre Edward Lowassa qui totalisait 1.764.785 voix (41%), selon les derniers résultats provisoires lus en direct à la télévision dans la nuit de mardi à mercredi par la Commission nationale électorale.

John Magufuli, actuel ministre des Travaux publics, et Edward Lowassa, Premier ministre de 2005 à 2008 avant de devoir démissionner suite à son implication dans un scandale de corruption, sont les deux favoris de l’élection présidentielle.

Les deux hommes de disputent la succession de l’actuel chef de l’Etat Jakaya Kikwete qui,
conformément à la Constitution, ne se représentait pas à l’issue de son second
mandat.

Lors d’une conférence de presse radiotélévisée mardu soir, Freeman Mbowe, président du parti Chadema et chef de la coalition des partis de l’opposition soutenant la candidature d’Edward Lowassa, a dénoncé des opérations de tripatouillages impliquant notamment « des jeunes experts kényans logés dans un hôtel de Dar es Salaam », la capitale économique du pays.

Selon M.Mbowe, qui venait d’être réélu député sans grande surprise, ce sont ces jeunes kényans qui opèrent les tripatouillages des résultats en provenance des bureaux de vote à travers le pays, avant qu’ils soient ensuite transmis à la Commission nationale électorale.

« Ce tripatouillage est opéré par le CCM, programmé par la Commission électorale et supervisé par la police », a accusé le chef de l’opposition, annonçant que les responsables des partis de sa coalition allaient se réunir jeudi dans la journée pour adopter une déclaration commune sur la question.

« Ceci n’est pas une élection, mais une sale besogne », a-t-il conclu

S’agissant des élections parlementaires, cinq membres du gouvernement sortant ont déjà perdu leurs sièges au profit de l’opposition qui contrôle désormais les deux principales provinces touristiques du nord -Arusha et Kilimandjaro- ainsi que la capitale économique Dar-es-Salaam.

Selon la Constitution tanzanien, les membres du gouvernement doivent être désignés par les députés.

Quelque 23 millions d’électeurs sur 52 millions d’habitants étaient inscrits sur les listes électorales pour les élections générales – présidentielle, législatives et locales – de dimanche, les plus serrées de la Tanzanie, depuis son indépendance en 1961.

Même si les élections de sont déroulées globalement dans le calme, la police a dû à plusieurs reprises depuis dimanche soir, faire usage de canons d’eau et de gaz lacrymogène pour disperser des jeunes de l’opposition massés autour des bureaux de vote pour dénoncer les retards dans la proclamations des résultats.

Quelques véhicules, des infrastructures publiques ou des bureaux du parti au pouvoir ont été incendiés en quelques endroits, en guise de protestation contre ces retards dans la publication des résultats.

Presque tous les groupes d’observateurs internationaux ont pointé du doigt cette lacune mais en saluant de manière globale le bon déroulement des opérations.

La tension était plus palpable sur l’archipel semi-autonome de Zanzibar, dans l’océan Indien, qui devait désigner son propre président et ses députés, le principal parti d’opposition ayant revendiqué la victoire dès lundi.