Limogeage de Samuel Ndayiragije pour "endormir les bébés politiciens burundais"
Opinion

@rib News, 14/11/2009

LE MINISTRE NDAYIRAGIJE : SON LIMOGEAGE N’EST QUE TROMPE-L’ŒIL ?

Par NIYONKURU Déo

Depuis l’avènement du CNDD-FDD au pouvoir, tout un chacun est en droit d’affirmer à haute et intelligible voix que rien ne va plus au Burundi. Et personne ne peut le nier car c’est une réalité qui crève les yeux.

En effet, depuis l’accession du Burundi à l’indépendance en 1962, le peuple burundais n’avait jamais souffert d’autant de maux : la famine, la sécheresse, les inondations, les maladies, le chômage etc.… bref, la pauvreté est omniprésente et frappe toutes les catégories sociales. En d’autres termes, des fléaux qui pourrissent la vie des burundais excepté celle des dignitaires du CNDD-FDD.

Outre la pauvreté, un autre mal qui ne veut pas dire son nom, c’est la mauvaise gouvernance. En créant le nouveau ministère chargé de la Bonne Gouvernance, le Burundi avait l’objectif ultime de corriger certaines tares qui avaient élu domicile dans la gestion de la chose publique.

Or, depuis le retour du CNDD-FDD au Burundi et son intégration dans la gestion des affaires de l’Etat, on assiste impuissant à une malversation économique et financière sans nom, à une course effrénée à l’enrichissement illicite et à une corruption jamais égalée dans les annales de l’histoire du Burundi.

En voici quelques exemples : FALCON 50, le dossier haricot, les uniformes des policiers, le carburant nigérian, le dossier Interpetrol, des assassinats sélectifs… ! Et voilà qu’aujourd’hui la liste des scandales vient de s’allonger avec la cession de 37 milliards de FBU par le CNDD-FDD aux Républiques « sœurs » du Rwanda et du Congo-Démocratique ! Son limogeage est donc considéré par le Président NKURUNZIZA comme un manquement grave !

Tous les cadres de la Présidence de la République étaient en liesse à la suite du limogeage d’un Ministre aussi arrogant que hautain. Ils attendent que d’autres mesures suivent à l’encontre des conseillers principaux et des chargés de mission, formels et informels qui affichent le même comportement que le Ministre NDAYIRAGIJE.

Aujourd’hui, quand on parle du scandale SINELAC, on voit spontanément l’image de M. Samuel NDAYIRAGIJE, ex-Ministre de l’Energie et des Mines. Celui-ci avait en effet pris unilatéralement la décision d’offrir ce joli cadeau à nos voisins directs en vue de promouvoir paraît-il, les bonnes relations qui existent entre les pays membres de la CEPGL.

C’est une initiative que tout un chacun pourrait peut-être soutenir mais pas à n’importe quel prix. Donc  quelque soient les motivations politiques, une telle décision ne peut en aucun cas être prise par une seule personne, de rang ministériel soit-il, mais plutôt par les instances habilitées et ce, après mûre réflexion et consultations préalables. Par conséquent, je reste fermement convaincu que le Ministre NDAYIRAGIJE n’est pas fou pour s’arroger le droit d’offrir un tel cadeau sans l’accord préalable de ses deux Chefs à savoir le 2ème Vice-Président et le Président de la République respectivement leurs Excellences Gabriel NTISEZERANA et Pierre NKURUNZIZA. Or, voilà que les deux personnalités qui l’ont induit en erreur le laisse tomber comme du papier hygiénique.

Mais il faut toutefois révéler que ce limogeage n’a été fait que pour endormir les bébés politiciens burundais qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Le Ministre NDAYIRAGIJE est et reste dans le sillage du pouvoir. Il appartient au Camp NKURUNZIZA et est au courant de nombreuses magouilles financières du Président de la République : c’est lui qui a défendu l’adoption du projet portant octroi d’un permis pour le cobalt, le cuivre sur le projet Nickel de Musongati, Waga et Nyabikere. Il a fait le même exercice en faveur de la société anglaise pour l’obtention de l’autorisation de faire une prospection sur l’existence du pétrole dans le lac TANGANYIKA.

En conclusion, retenez que le Ministre NDAYIRAGIJE ne va pas au chômage ; loin de là. Il va plutôt représenter le pouvoir CNDD-FDD à la société minière SAMANKOR Ltd où un poste juteux lui est réservé. Si cela s’avère impossible, il sera certainement embauché dans l’une ou l’autre grande société parastatale rwandaise ou congolaise en guise de remerciement.

Toutefois, pour les analystes politiques avisés, ce limogeage indique le degré d’inquiétude et de frayeur qu’éprouvent les dignitaires du CNDD-FDD à la veille des prochaines échéances électorales surtout quand ils pensent à la montée fulgurante du FNL et de l’UPD dans les sondages d’opinion.