Nouvelles locales des lundi 02 et mardi 03 novembre 2015
Nouvelles locales

@rib News, 03/11/2015

Justice

- C'est ce lundi que les 28 présumés putschistes du 13 mai dernier ont comparu devant des juges. Il s'agit de leur deuxième comparution. La précédente avait confirmé le maintien en détention de ces hommes. L'audience se déroule à l'intérieur de la prison de Gitega (photo) comme l'a confirmé son directeur, Félicien Ningaba.

Tous ont refusé de s'exprimer devant les juges. Ils ont évoqué le manque d'assistance juridique à laquelle ils ont droit. Les quatre avocats présents ont également demandé un report d'audience parce qu'ils n'ont pas eu le temps de se préparer avec leurs clients. Pour rappel, les juges de cette cour suprême avaient confirmé lors d'une précédente audience le maintien en prison de ces militaires et policiers putschistes présumés.

● Education

- Les cours ont repris depuis ce lundi au lycée municipal de Cibitoke en mairie de Bujumbura. Le préfet des études, Deo Ntavyo a indiqué que 70% des élèves ont regagné les classes. Il a affirmé toutefois que l'élève Albert qui a disparu voici une semaine ne s'est pas représenté. L'absence d'information sur sa disparition avait déclenché la grève des cours. Par ailleurs, les élèves protestaient contre la présence des policiers dans l'environnement du lycée. Ils n'ont pas obtenu gain de cause. La position policière est toujours en place et les autorités policières indiquent que ces policiers ne sont pas là pour les élèves uniquement mais aussi pour le reste de la population.

● Politique / Sécurité

- Pierre Nkurunziza a promis à ceux ayant pris les armes dans le cadre de la contestation, qu'ils ne seraient pas poursuivis s'ils se rendaient d'ici cinq jours. "Le gouvernement, qui est un parent pour tous, vous donne cinq jours, depuis ce 2 novembre jusqu'au 7 de ce mois, pour renoncer définitivement à cette voie de la violence", a lancé ce lundi le chef de l'Etat, dans un discours à la Nation en kirundi, à la RTNB. "Vous serez accueillis par les forces de l'ordre, on vous apprendra à aimer votre pays pendant deux semaines, puis vous serez renvoyés parmi les vôtres", a ajouté Nkurunziza avant d'appeler la population à "aider la police à détruire les petits groupes de tueurs qui sont encore à l'œuvre.

- Des militaires sont ont procédé à des arrestations dans le quartier de Mutakura de la zone de Cibitoke au Nord de Bujumbura le matin de ce lundi. Ils ont opéré surtout sur la 8ème avenue. Tous seraient sous les ordres du commandant de la 1ère région militaire. C'est ce que prétendent des témoins sur place. Les mêmes sources disent qu'un militaire du grade de Major figurerait parmi les personnes arrêtées.

- Deux corps sans vie ont été retrouvés ce lundi matin. La première victime, une femme a été découverte au Mont Sion dans la zone de Gihosha. Des témoins indiquent que le corps a été jeté d'une voiture. Son identité n’a pas été connue. Le deuxième cadavre est celui d'un jeune homme. Il gisait devant les bureaux de la zone de Musaga au sud de la capitale.

Des témoins sur place disent que c'est un vigile ayant disparu depuis une semaine. Ces témoins précisent que ce jeune homme connu sous le sobriquet de ’’London’’ a été tué dans la nuit de ce lundi 2 novembre à la 3ème avenue. Des cris et des tirs à l’arme automatique ont été entendus. Il s’agissait d’une fusillade entre les Forces de l’ordre et un groupe armé. Le cadavre de ce jeune homme bien connu dans le quartier a été visiblement traîné jusqu’aux bureaux de la zone Musaga. Il y a des traces de sang sur le trajet, même sur la route principale. «C’est pour lui faire endosser cette attaque», clame les habitants de ce quartier.

Selon des sources officielles, ce jeune homme habitait dans le quartier Gitaramuka à la 3ème avenue. Il s’appelle Félicien Nimenya. «Son fusil a été saisi, il était avec un groupe de jeunes quand ils ont échangé des coups de feu avec les forces de l’ordre », précise l’administrateur de la commune Muha, Jean Bosco Girukwishaka. Il souligne qu’un militaire a été grièvement blessé au cours de cet accrochage. Il y avait ce matin beaucoup de militaires et de policiers à la sur la 3ème avenue. Du côté de la population, c’était la consternation.

- Des habitants de la colline de Mukungu, commune de Nyanza-Lac en province Makamba ont informé la police de leur découverte mystérieuse. Des armes qui appartiendraient à l'ancien mouvement CNDD-FDD selon eux car elles ont été trouvées couvertes de rouille. Personne n'a été arrêté et les armes sont désormais entre les mains de la police à Nyanza-Lac. Cette partie de la commune Nyanza-lac est connue pour avoir abriter d’intenses combats entre les militaires loyalistes et les rebelles du CNDD-FDD.

- La route Bujumbura-Rumonge ne passe plus depuis cet après-midi. Une situation consécutive aux éboulements et glissements de terrains après de fortes pluies. Cette route est bloquée depuis le lieu-dit Gitaza en province de Bujumbura. Des témoins sur place affirment que des églises, des maisons d'habitation et des écoles ont été détruites. Au mois de mars dernier, des éboulements sur cette même portion de route avaient cause la mort d'au moins six personnes.

Société

- Célébration ce lundi de la journée internationale de la fin de l'impunité des crimes contre les journalistes. Il est bon de rappeler la situation actuelle du Burundi. Cela fait 6 mois que le pays est privé de ses radios privées. Toutes ont été fermées ou détruites lors du coup d'État du 13 mai. 80% des journalistes ont été contraints à l'exil. Ceux qui sont restés travaillent dans des conditions périlleuses. On ne compte plus les humiliations, menaces, agressions et tortures à l'égard des professionnels des médias.

Le cas qui résonne le plus et que nous gardons tous en mémoire est celui de notre confrère Esdras Ndikumana, correspondant burundais de l'Agence France Presse et de la radio internationale RFI. Esdras a été torturé par des agents de la Documentation alors qu'il ne faisait que son travail : la prise de photos et de notes sur un évènement majeur que fut l'assassinat du général Adolphe Nshimirimana. Pour cette agression, aucune enquête n'a été diligentée.

C'est donc l'impunité totale pour ses agresseurs malgré les promesses des hautes autorités. Puisse cette journée servir de sensibilisation. Les crimes contre les journalistes doivent être dénoncés et leurs auteurs doivent répondre devant la loi. S'en prendre à un journaliste, c'est s'en prendre à la démocratie.